Inspiré d’un sketch de Jérémy Ferrari : je suis la fille de Francis Cabrel
2 personnages : la sœur et le Psy
Elle arrive chez le médecin
LA SOEUR– (à l’assistante qui l’accueille) Bonjour mademoiselle, j’ai RV avec le docteur… Je l’attends ici ?
(Elle prend place sur une chaise)
(Elle appelle quelqu’un avec son téléphone)
– Allo, Germaine ? … je serai en retard à la tenue… j’attends le psy, là… tu sais bien… depuis je suis le fils de la Grande Maîtresse… oui je suis le fils de la Grande Maîtresse de la GLFF … Tu ne t’en étais pas aperçue ? En tous cas elle s’en est aperçue, elle, que je suivais son fils ; et alors elle s’en est plaint au GO… du coup, la chambre de justice maçonnique réclame un avis médical… on m’a demandé d’aller voir un Psy. Voilà… il arrive. Ne m’attendez donc pas ! Bonne tenue !
– Bonjour docteur. Mais… on se connait !
PSY– Oui. Je viens quelquefois sur vos colonnes. C’est moi qu’on a désigné pour ton… problème. Je t’écoute ma sœur…
LA SOEUR – Eh bien voilà : le problème, c’est que je suis le fils de la Grande Maîtresse…
PSY– (surprise) Tu veux dire que…
LA SOEUR– Oui, je suis le fils de la Grande Maîtresse.
PSY– (dubitative) Qu’est-ce qui te fait penser que tu…
LA SOEUR– Ce n’est pas que je le pense ; c’est une réalité. D’ailleurs je l’ai avoué à ma Véné : je suis le fils de la Grande Maîtresse de la GLFF !
PSY– Toi, le fils de… à te voir ma sœur, ça n’est pas possible.
LA SOEUR– pourquoi ça ne serait pas possible ?
PSY– Parce que le fils de la Grande Maîtresse est un homme !
LA SOEUR– Et alors ? Puisque son fils est un homme et que je suis son fils, je suis bien un homme, non ?
PSY- Toi ! Un homme ? (Il s’approche d’elle) j’aimerais voir ça !
LA SOEUR– (elle le repousse) C’est toi qui devrais aller voir un Psy, mon frère !
PSY– Mais quel genre de femme es-tu donc, ma sœur ?
LA SOEUR– Une femme tout simplement. Une femme qui suit un mec ! Tous les soirs après ses tenues, je le traque, je l’épie, je le pourchasse, de tenue en tenue. Je suis ce mec, mais je ne me prends pas pour lui ! je ne suis pas complètement malade, quand même !
PSY– (elle réalise tout à coup le quiproquo) Ah !… Tu suis ! tu suis mais tu n’es pas !
LA SOEUR– Tu y es ? C’est ça : je suis mais je ne suis pas !
PSY– Ah ! je vois le problème ! (Un temps) Tu t’es amourachée du fils de la Grande Maîtresse. Quelle idée, aussi !
LA SOEUR– je ne sais pas ; j’ai toujours été obsédée par les enfants des Grandes Maîtresses.
PSY– (décontenancé) Ou lala ! (Il réfléchit) Y a-t-il des antécédents psychiatriques dans ta famille ?
LA SOEUR– Heu… Ma mère était un petit peu dérangée, oui. C’est quand mon père l’a quittée. J’étais petite.
PSY – Que faisait ton père ?
LA SOEUR – Il était maçon.
PSY – Tiens, tiens ! Tu te souviens dans quelle Obédience ?
LA SOEUR – Non, maçon ! il montait des murs. Et un jour ma mère, qui était petite, l’a surpris avec ma maitresse… qui était grande.
PSY– Tu veux dire que cette grande maîtresse d’école…
LA SOEUR– était la maitresse de mon père… C’est ça !
PSY– Je commence à te suivre.
LA SOEUR– Ah non ! ne t’y mets pas à ton tour !
PSY– Mais tous les enfants de parents séparés ne finissent pas par se prendre pour le fils de la maîtresse de leur père.
LA SOEUR– Mais je ne me prends pas pour lui : je le suis seulement !
PSY– en fait, tu suis le fils de la Grande Maîtresse parce que symboliquement il représente l’enfant que ton père, dans ton esprit, aurait pu faire à celle qui t’a dérobé ton père. Ton demi-frère, en quelque sorte… Donc tu le suis…
LA SOEUR– je le hais !
PSY– Euh… tu suis… ou tu es ?
LA SOEUR– Qu’est-ce que tu me racontes ? Tout ce que je demande, c’est que la Grande Maîtresse retire sa plainte ! Je ne voudrais pas, parce que je suis sa sœur…
PSY– Tu suis aussi sa sœur ?
LA SOEUR– eh bien oui, je suis forcément sa sœur… comme toi tu es mon frère… Bon ! essaie de suivre, hein ! parce que c’est pénible à la fin !