(Inspiré du sketch « les municipaux » des Chevaliers du Fiel)
Deux personnages : Un Maître et un Apprenti

En avant de la scène, de part et d’autre : d’un côté une pierre brute surmontée d’un maillet et d’un ciseau ; de l’autre côté une pierre cubique surmontée d’une équerre et d’un compas.
L’apprenti s’avance sur scène, regarde les pierres et semble se diriger vers la pierre brute quand, se ravisant, il va vers la pierre cubique. Il s’installe prêt à travailler quand entre en scène un maître très décoré qui l’interpelle :

MAITRE- eh ! Petit ! Qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce que tu fais ?
L’apprenti se retourne, surpris
APPRENTI- je… je taille la pierre…
MAITRE- tu tailles la pierre ? Est-ce que l’apprenti taille la pierre ?… L’apprenti dégrossit la pierre ! Il la dégrossit ! Il ne la taille pas ! Et avec quoi l’apprenti dégrossit la pierre ?… Qu’est-ce qu’il y a d’écrit dans le manuel d’instruction ?… L’apprenti dégrossit la pierre au moyen… au moyen… ?
APPRENTI- du maillet et du ciseau, Maître !
MAITRE- Maillet ! Ciseau ! C’est ça les outils de l’apprenti. Tu es au dégrossissage, petit, pas au taillage ! Un jour peut-être viendra où tu tailleras, où tu tiendras l’équerre et le compas, mais le chemin est long, et parsemé d’embûches… Ceci dit, je ne t’en veux pas. J’ai été moi aussi apprenti, et je te comprends.
Je me souviens, après l’incendie qui avait détruit le temple de la rue Cadet, j’ai été désigné par mon Surveillant pour ôter la suie des livres de la grande bibliothèque. Et là, à force de les essuyer, de les épousseter ces livres, de les palper, de les renifler, j’ai eu envie de les lire. Un matin, le souffle court, haletant, j’en ouvre un… de… Eric Woerth… heu… Oswald Wirth. Je m’apprête à tourner les pages quand une grosse main calleuse se pose sur mon épaule, et j’entends une voix qui me dit :
– dis donc, tu as quel âge petit ?
– trois ans, je dis.
– et alors ? Est-ce qu’on sait lire à trois ans ? Tu sors tout juste du monde d’ignorance et tu veux lire comme un maître… ? (Un temps où le maître semble perdu dans les nuages) Un an plus tard, je savais lire et écrire… Deux ans plus tard j’étais maître !
APPRENTI- Ah ! Quelle belle histoire !
MAITRE- C’est à partir de là que j’ai gravi tous les degrés qui font aujourd’hui de moi un Parfait Initié. Vois ces médailles … (il sort des papiers de sa poche) tiens, là c’est moi, au Convent, à Paris, avec mon cordon…
APPRENTI- (ébloui, naïf) Quelle belle carrière ! Le parcours parfait !
MAITRE- Oh là ! J’aurais pu viser plus haut, j’aurais pu monter dans les Hauts Grades… devenir Grand Maître du GO…
APPRENTI- les Hauts Grades ? Grand Maître du GO ?
MAITRE- Oui petit, tu formes la base d’une pyramide dont le Grand Maître est le sommet…
APPRENTI- Oui Maître.
MAITRE- Ah ! Je rêve que tous les maçons de la terre seraient au GO… les temples résonneraient au même rythme des maillets, pan pan (il laisse traîner pour le troisième qu’il prononce avec un ton inspiré) paaannn ! L’acclamation de la République se répandrait sur tout l’univers… la Laïcité serait notre nouvelle religion (un temps. Il rêve tout haut, le regard perdu…) Midi : nous entreprenons de refaire le monde…
APPRENTI- Midi un quart, harassés par l’ouvrage, nous somnolons bercés par une bassinante planche…
MAITRE- Ne te moque pas, petit !… (Silence) Puis la chaine d’Union nous tire du sommeil…
APPRENTI- Ranimés, nous tirons une joyeuse batterie d’allégresse…
MAITRE- Déjà minuit, l’odeur de la caille rôtie se répand sur les colonnes… c’est l’heure de passer à table…
APPRENTI- Au bar, la lumière fait scintiller les coupes…
MAITRE- Les agapes ! Les maîtres, heureux, voient s’affairer autour d’eux les apprentis… (Un temps, il regarde l’apprenti) Mais tu pleures petit ?
APPRENTI- (reniflant) je veux être maître comme toi !
(Un temps)
MAITRE- (rajustant son sautoir et bombant le torse) Il te faudra pour cela beaucoup d’humilité, petit !… Maillet… ciseau…
APPRENTI- maillet… ciseau…
MAITRE- Maillet, ciseau, c’est le chant des FF. du GO… (Chanté)
APPRENTI- Maillet ciseau, c’est le chant de nous les plus beaux… (chanté)

(En chœur et en dansant, avec accompagnement musical, repris autant de fois que nécessaire)
Maillet, ciseau, c’est le chant de FF. du GO
Maillet, ciseau, c’est le chant de nous les plus beaux