Extériorisation

 (durée 5mn)
Inspiré du sketch des Inconnus : Le commissariat de police.

5 personnages : Journaliste, Caméraman, Vénérable, 1er Surveillante, 2ème Surveillante, un Frère.
3 Maîtresses maçonnes acceptent de se livrer aux questions d’un journaliste sous l’œil d’une caméra qui filme le reportage.

Journaliste – (s’adressant à la caméra) la maçonnerie féminine d’aujourd’hui présente un nouveau visage. Nous voici dans un temple maçonnique où 3 Maîtresses ont bien voulu nous montrer leur façon de travailler et répondre à nos questions. Les franc-maçonnes… des hommes comme les autres ?
1er Surveillante – je m’appelle Roberte, je suis maîtresse maçonne et 1er Surveillante de ma loge.
2ème Surveillante – je m’appelle Marie-Roger, je suis 2ème Surveillante de ma loge.
Véné – je m’appelle Augusta, Vénérable de ma loge, et maçonne avant tout.
Journaliste – mais qui sont-elles ces femmes maçonnes ?
Véné – ce n’est pas qu’on est des surhommes (sic), nous sommes à fortiori des femmes comme les autres, à fortiori nous sommes donc des femmes avant tout.
Journaliste – Midi : leur journée commence, elles se retrouvent dans le temple.
Les 3 se donnent l’accolade – Bonjour Roberte, bonjour Marie-Roger, bonjour Augusta… alors ça va ? Il fait frisquet dans le temple… t’as pensé aux bougies ? etc.
1er Surveillante – (s’adressant au journaliste) je crois surtout que la maçonne d’aujourd’hui doit être consciente de la tâche… euh, de la responsabilité, et surtout de la tâche… morale qui lui est involue…
Véné – (elle lui souffle à l’oreille) qui lui est dévolue.
1er Surveillante – (se reprenant) qui lui est involue et surtout qui lui est dévolue.
Journaliste (s’adressant à la Véné) – vous êtes du même avis que votre Surveillante ?
Véné – à fortiori tout à fait. Je crois qu’aujourd’hui la maçonne doit être consciente de la responsabilité, et surtout de la tâche morale qui lui est dévolue.
1er Surveillante – qui lui est involue.
2ème Surveillante – et dévolue.
Le téléphone sonne. La Véné décroche son portable.
Véné – oui ma sœur Servante… oui… où ça ?… en salle humide ?… tu es bien sûre ? Tu l’as tuilé ?… avec les deux mains?… j’envoie mes Surveillantes ! (Elle raccroche et s’adresse au journaliste) voilà donc, là on nous appelle pour une tentative d’intrusion d’un profane en salle humide…
Journaliste – salle humide ? Vos locaux sont-ils insalubres ? Manque de subvention ? Ou bien cela fait-il allusion, symboliquement parlant à votre… votre sexe…euh… je veux dire votre condition féminine ?
Les 3 rigolent – salle humide… c’est là où on arrose les promotions… c’est pour ça que c’est humide !
Véné – donc la Sœur Servante vient de nous apprendre qu’un homme tentait de violer notre espace sacré…
Journaliste – est-ce si grave ? Vous m’acceptez bien, moi, dans les coulisses de votre temple.
1er Surveillante – Vous êtes journaliste !
2ème Surveillante – Vous avez le droit de savoir…
Véné – Vous ignorez le risque qu’il y aurait d’admettre parmi nous des individus susceptibles d’attenter à la Soeurosité des Sœurs. C’est pourquoi j’envoie immédiatement mes deux Surveillantes. (Les deux Surveillantes sortent en coulisse)
Journaliste – (s’adressant à la caméra) ainsi, la maçonnerie féminine est bien protégée. Les Surveillantes sont là pour surveiller. Le secret est bien gardé ! (on entend brusquement des bruits de coups, chaises renversées, et des hurlements en coulisse) j’entends qu’on fait le ménage en salle humide… je remercie la Vénérable Maîtresse Augusta de la confiance qu’elle nous fait de nous permettre d’assister aux travaux préparatoires de sa tenue maçonnique… c’est ce que vous appelez, je crois, le tuilage ?
(Les bruits se poursuivent en coulisse)
Véné – le tuilage est nécessaire à fortiori si l’on veut garantir un dégrossissage serein des pierres brutes.
(Bruit énorme et cri en coulisse)
Journaliste – (sursaute, alors que le Vénérable reste impassible) pierres… brutes, dîtes-vous ? (Les deux surveillantes reviennent, décoiffées, les sautoirs de travers… l’une se tient la tête, l’autre se cache un œil.)
1er Surveillante – (se met à l’ordre) mission accomplie chef… euh… Vénérable Maîtresse. Ça n’a pas été facile, il prétendait être bien à l’adresse indiquée !
2ème Surveillante – Il s’en souviendra de son passage à tabac !
Journaliste – vous êtes tombées sur un homme qui semble ne pas avoir opposé une trop forte résistance… vous auriez pu tomber sur quelqu’un d’armé peut-être… n’est-ce pas dangereux l’office de Surveillante ?
Véné – effectivement, à fortiori, euh on peut dire… disons… disons que c’est un office où elles ont quand même la possibilité… de… de se munir d’un maillet.
1er Surveillante – on est du même avis qu’Augusta.
2ème Surveillante – c’est la Véné tout de même !
Véné – mais vous avez pu observer que les Sœurs ont pris le risque d’aller au front sans leur maillet.
1er Surveillante & 2ème Surveillante – on n’est pas des sauvages !
Journaliste – (à la caméra) bientôt minuit, aurons-nous le temps, malgré cet incident d’assister à la fin de leurs travaux ?…
Frère – (entre affolé, dans tous ses états) Mes Sœurs ! Mes Sœurs… Vous n’auriez pas vu un jeune homme… brun avec des moustaches… trente ans… bien mis, un manteau noir et un foulard jaune…?
1er Surveillante – ça correspond bien au signalement…
2ème Surveillante – qu’est-ce qu’on lui a mis !
Véné – Sois rassuré mon Frère, tu peux retourner tranquille en tenue. Mes hommes (sic)…euh… mes… Surveillantes ont chassé l’intrus.
Frère(effaré, pris de stupeur) Quoi ! Le profane qu’on attendait sous le bandeau ? (il sort en hurlant de colère)
2ème Surveillante – Il s’en souviendra de son passage sous le bandeau !
Journaliste – ça arrive souvent les bavures ?
Tous les trois – surtout va pas raconter ça espèce de journaleux… pisse-copie ! (Elles chassent le journaliste et le caméraman)
Véné – merde, les filles, déjà minuit, on n’a pas beaucoup travaillé ce soir ! (elles sortent)