Pris à la gorge

 Pièce de Julio & Ysa D,
Comédie en partie musicale, très librement réécrite d’après la pièce de Ramon MADAULA : « El Electo » et son adaptation : « Par le bout du nez » de Matthieu DELAPORTE et Alexandre DE LA PATELLIERE.
Synopsis
Il vient d’être élu Grand-Maître de son Obédience. Alors qu’il tente de répéter le discours de son investiture, il est pris de grattements de gorge irrésistibles, de grimaces, de tics absurdes et de vocalises incontrôlables. Incapable de se présenter ainsi devant le Convent sans se ridiculiser, il doit recourir à une psychiatre : une apprentie maçonne que lui a recommandé la Sœur Secrétaire de sa loge.
Mais il n’est pas facile de s’allonger devant une apprentie lorsqu’on atteint les sommets de l’Ordre maçonnique…
Le temps presse ! La Psy réussira-t-elle à guérir à temps son malade de ce syndrome qui l’interpelle et dont elle semble être atteinte à son tour par contagion ? Son analyse, qui vise à rechercher dans le passé de l’Illustre Frère la racine des problèmes qui troublent son accession imminente à la tête de la hiérarchie maçonnique, nous entraîne dans les profondeurs de l’univers amusant d’un Grand-Maître médiocre et d’un psychiatre charlatan.
Cette comédie n’a d’autre dessein que de divertir et de faire rire… quand nous rions, hélas, de moins en moins !

Décor 1:Une pièce, un bureau, des décors maçonniques, un canapé ou une méridienne si la pièce se joue dans une salle.

1- ouverture

LUI-  Il commence à chanter en coulisses, puis entre sur sène, son discours à la main.
La la la   la la la   la la la la la
Tra  la la   la la la   la la
Tra la la la
Tra la la la la la
Tra la la   la
Ahhh ! (suite onomatopées) (il lit son discours)
C’est avec opiniâtreté et non sans émotion, que je m’attacherai à fortifier les orientations et les choix fondamentaux des objectifs de mixité qui caractérisent la finalité initiatique de notre obédience
Il tousse, se gratte la gorge, gesticule, grimace et chante : (quelques mesures d’un chant lyrique)
Note giorno faticar – Per chi nulla sagradir
Piovo e vento sopportar – Mangia mal et mal dormir…
– Ah ! qu’est-ce qui m’arrive ? Ce n’est pas possible ! Je n’y comprends rien ! Je n’arriverai pas à le finir ce discours ! depuis ce matin que je le répéte…. C’est chaque fois la même chose. Ça me gratte ! je grimace et je chante. Je n’en peux plus ! je n’en peux plus !
                     Une femme est entrée et lobserve.
PSY- (à part)
C’est pas gagné !
LUI
Ah ! c’est vous le docteur Delmas ? (elle acquiesce)
Ce n’est pas trop tôt !
PSY
Alors ne perdons pas de temps.
Parlez. Je vous écoute.
LUI – Parler, parler… qu’est-ce que vous voulez que je vous dise?
PSY
je n’en sais rien… ce qui vous  passe par la tête.
LUI
Bon. Écoutez. Je n’ai vraiment pas le temps de faire une analyse.
Je viens d’être élu Grand Maître. Dans quatre heures, je dois prononcer mon discours devant le Convent… alors soyez gentille. Vous êtes toubib, donnez-moi quelque-chose contre ces convulsions dans la gorge! Je n’en peux plus!
PSY
Ce tic, c’est fréquent ?
LUI
Non ! Et ce n’est pas un tic ! C’est depuis que je répète  mon discours.
Je suis pris de grimaces ridicules, la gorge me gratte, ça me démange…
À chaque fois que je recommence j’ai une nouvelle attaque de gestes intempestifs, je me tortilIe dans tous les sens sans pouvoir me contrôler et..  et… Bref, je n’en peux plus.
Jusqu’où ça va aller ? J’ai peur Docteur !
PSY
Bon , tâchons de comprendre. c’est quoi comme démangeaison ? ça vous gratouille ou…
LUI
Ah ! Ah ! Ah ! ou ça me chatouille, c’est ça ? je la connais votre réplique à la con…
Ça va !
PSY
Donc ça vous démange, vous gesticulez et vous grimacez…
Comment c’est arrivé ?
LUI
Eh bien je me suis levé ce matin comme d’habitude ; j’ai pris un café en écoutant France-Bleu-Provence dans les toilettes… ça me détend d’entendre chanter les autres…(à lui-même ) Tiens ça me rappelle quand j’étais petit ,  je n’arrêtais pas de chanter. (à elle) Je voulais être chanteur d’opéra comme Caruso ! J’adorais chanter sur le trône. Ça résonnait bien et je m’y croyais. (Il se tient comme un chanteur dopéra. Il  réalise de ce quil est en train de faire, se sent gêné )
Oui, bon, donc : j’ai pris une douche, une douche froide pour me donner un coup de fouet… oui, je n’avais pas très bien dormi. Faut vous dire que Grand Maître, ce n’est quand même pas rien !
PSY
et… ?
LUI
j’y viens ! j’ai commencé à me raser devant la glace…
PSY
devant la glace ? intéressant ça… l’épreuve du miroir…
LUI
(agacé) Quoi ! vous ne vous rasez pas devant un miroir ?
PSY
je ne me rase pas !… Pas encore…
LUI
Donc ! pendant que j’étalais la mousse sur mon visage, j’ai commencé mon discours et ma gorge m’a démangé. Je me suis gratté (il met sa main à la gorge), ma main est partie dans tous les sens, ( il fait des gestes fous ) je me suis mis à chanter…  avec des grimaces. j’en avais les larmes aux yeux .
PSY
Et c’est à ce moment-là que votre secrétaire vous a conseillé de m’appeler…
LUI
Non. J’ai d’abord appelé un oto-rhino, un frère de ma loge. Il a examiné ma gorge dans tous les sens et il m’a dit… « ton problème ne vient pas de là… mais de Là ! » (Il désigne sa tête)
PSY
de…là ?
LUI
Oui ! de Là ! Et il a rajouté : « tu devrais consulter un spécialiste du… Là. » (Il refait le geste). Vous vous rendez-compte ? J’ai mal à la gorge et cet abruti me traite de fou !
PSY
Et vous avez donc fait appel à moi !
LUI
c’est ma secrétaire,  Paulette. C’est elle qui a insisté pour que je vous consulte. Il n’y a pas meilleure psychiatre, qu’elle m’a dit. Elle vous connaît… Elle te connaît… Au fait, puisque nous sommes frère et sœur, je peux te tutoyer …
PSY
à, Je suis votre médecin psychiatre ; le vouvoiement s’impose pour que ça fonctionne.
LUI
Ah ? parce que tu… vous trouvez que ça fonctionne ?
PSY
Eh bien, Vous me parlez en ce moment, et tout se passe bien.
LUI
Ce n’est que lorsque je prononce mon discours que ça me gratte, que je grimace, que je chante et que je pleure  !
Vous imaginez, me présenter comme ça, devant le Convent ?
PSY
Non, en effet ! ça pourrait prêter à rire.
Mais vous savez, des Dignitaires, des Très Illustres, des Grands Maîtres qui font des grimaces ou qui ont des tics et qui prêtent à rire… vous ne seriez pas le premier !
LUI- (agacé) Bon ! alors, vous me prescrivez une pilule, une pastille, des calmants ?

2- Le discours

PSY
d’abord j’aimerais entendre votre discours ?
LUI
Mon discours ? Pourquoi faire ?
PSY
Est-ce que vous pourriez le prononcer, devant moi, comme si nous étions en loge ?
LUI
Eh… ! Le Convent se tient au 3ème degré… je ne sais pas si… si vous…
PSY- -(impatiente, énervée)
je suis encore apprentie.  Et alors ?
LUI
Apprentie…au Genre Humain, vous aussi ?
PSY
Non. J’ai été initiée au GH mais je viens de m’affilier au GO.
LUI
Au GO ! Et pourquoi tu as… vous avez quitté le GH pour… le GO ? Vous n’étiez pas bien dans notre obédience ?
(Il grimace, se gratte la gorge, gesticule et se met à chanter)
(Chant- extrait … : Ô toi ma sœur du DH) Karaoké Il suffirait de presque rien – Serge Reggiani * – YouTube

Ô toi ma Sœur du Genre Humain
Tu sais qu’t’es une sacrée frangine
Dans l’atelier tu es divine
Tous les Frères j’en suis convaincu
Rêvent de caresser ton âme
Aux mystères du mythe d’Hiram.
Pourquoi t’en vas-tu donc ingrate
Au GO t’faire bourrer la tête
Par leur appétit de conquête ?
Au Grand Orient ils sont beaucoup,
Ceux qui espèrent tirer un trait
Sur le GH à tout jamais…
Refrain
Vraiment dis-nous pourquoi tu flippes
D’aller tailler chez eux ta pierre ?
Ô ma p’tite sœur…
Ne cède pas à leurs foutaises
On n’voudrait pas qu’ces frères te bernent
***
Que l’un d’eux un jour réussisse
A s’introduire entre nous deux
Je lui arracherai les yeux
Et s’il cherche la carambouille
Je lui arrache aussi le cœur.
Ils viendront plus chiper nos sœurs

PSY
Eh bien, Bravo ! Seriez-vous jaloux que nous apportions dans les loges de mecs un peu de l’esprit qui leur manque?
(Un temps) Elle prend son air de psy.
D’un  point de vue psychanalytique j’hésite entre plusieurs névroses.
Vous avez donc toujours aimé chanter !
Votre mère ou votre père vous ont-ils empêché de vous inscrire chez les petits chanteurs de la Croix de bois?
LUI
Mon dieu ! Comment le savez vous ? Ce fut la période la plus difficile de ma vie.
J’avais 5 ans. J’allais les écouter chanter en cachette! oui , ils répétaient dans une sorte de  temple près de chez nous.
Et puis un jour , je ne sais pas ce qui m’a pris , j’ai chanté avec eux caché derrière une colonne et ils m’ont supplié d’arrêter. Il paraît que je chantais faux !!!    Quelle souffrance , qu’elle honte !
PSY
C’est votre discours que je veux entendre ! ça vient ?
LUI
D’accord, d’accord. (vexé) ne me parlez pas comme à un apprenti
PSY
Le discours !
LUI
Bon… j’y viens… j’y viens.
(Solennellement)
C’est avec opiniâtreté et non sans émotion, que je m’attacherai à fortifier les orientations et les choix fondamentaux des objectifs de mixité qui caractérisent la finalité initiatique de notre obédience
(démangeaisons, gestes inconsidérés, grimaces. Et soudain il  chante.
 (sur l’air du Pénitencier  Johnny Halliday)  le penitentier – YouTube

C’est comme du poil à gratte
Qui me fait me démanger
Et qu’en moi, ma chair, tout se désunit
Comme mes os le font aussi

PSY
Très bien… calmez-vous… (Elle rit) vos grimaces, et votre jeu de jambes :  c’est dingue ! à pleurer !
LUI
A pleurer… à pleurer… on ne va pas pleurer sur les Obédiences !
PSY – (sur lair de « pleurer des rivières ») Viktor Lazlo Pleurer des rivières

Dis-/moi c’est pas l’jour
De se faire des / misères
Tu peux me pleu/rer des rivières
Pleurer des rivières
Et chicaner les dignitaires
Hé dis-/ moi c’est pas l’jour
Tu ne sais plus / quoi faire
Alors va / pleurer des rivières
Pleurer chez ta mère
Et faire pleurer / la terre entière
Vas-tu cesser / de te gratter/ comme un teigneux
Car tu /es très con / tagieux
Moi ça m’embrouille, cette gratouille
Quand près de toi
Je me sens imbécile
Chanter sans savoir pourquoi
Et aaaadieu c’est pas l’jour
J’ai besoin / d’chan/ger d’air
Alors va pleu/rer des rivières
Pleurer des rivières
J’ai tant pleuré
À quoi ça sert

LUI
Qu’est-ce qui vous arrive ? ça vous fait chanter, vous aussi ?
PSY- (perplexe)
Je ne sais pas… j’aime beaucoup chanter, mais alors là… c’est très interpelant ! Je crains que ce soit contagieux.
LUI
Mais qu’est-ce que j’ai attrapé ?
PSY
Vous travaillez à quel rite ? Français ou Égyptien ?
LUI
Quel rapport ?
PSY- (angoissée)
Quel rite ?
LUI
l’Ecossais.
PSY
(cri dhorreur) Ah !!!!
LUI
Qu’est-ce que ça veut dire ?
PSY
Connaissez-vous le syndrome de Gilles de la Tourette ?
LUI
Euh… non !
PSY
Gilles de la Tourette est un neurologue du XIXème siècle qui a donné son nom à la maladie des tics convulsifs.
LUI  – Qu’est-ce que vient faire le rite écossais ?
PSY- (elle le regarde, inquiète)
Vous avez attrapé son variant britannique : le syndrome de Gilles de la Lyrette, qui frappe toutes les obédiences écossaises.

(Chanté ensemble sur lair de la Rirette) La rirette – Paroles – YouTube

Un maçon perd sa cédille
La lyrette, la lyrette
Un maçon perd sa cédille
Et s’retrouve comme un con !
Bis – Piano seul
Ter – ensemble
Et s’retrouve comme un con !

LUI – (Un temps) qu’est-ce qu’on peut faire ?
PSY- (elle réfléchit)
Voilà ! l’antidote, ce serait de remplacer le chant convulsif par un chant maîtrisé, choisi.
LUI- (énervé)
Qu’est-ce que vous me chantez là ?
Écoutez ! Tout à l’heure, il y aura tous les dignitaires à l’Orient, 500 Vénérables sur les colonnes, venus pour écouter le discours du premier Grand Maître jamais élu à l’unanimité…
Enfin presque : une boule noire. Une seule boule noire, vous m’entendez ?
Je suis un cas unique ! La maçonnerie a les yeux braqués sur moi.
Et si vous ne me soignez pas, je vais me gratter, grimacer, chialer et chanter comme un imbécile.
Je serai la risée de toutes les obédiences… (il commence à tousser)

(Sur lair de « je nsuis pas bien portant ») Je N’suis Pas Bien Portant —- YouTube

Depuis que je suis apprenti
C’est pas rigolo entre nous
Je travaille jusqu’à minuit
Et je passe en loge un temps fou.
Mais plutôt que de progresser
J’ai des tics de tous les côtés :
REFRAIN
J’ai le rite qui m’irrite
Les symboles qui flageolent
L’rituel qui chancelle
La fermeture qui est pas sûre
Avec par d’ssus l’marché
Le pavé déchaussé
Et la vôute étiolée
Le soleil dans la lune
Et la lune qui sommeille
Le Delta sans éclat
La lumière qui est pas claire
Le GADLU qui en peut plus
Et les grades qui s’dégradent
Le premier épuisé
Le second qui se came
Le troisième qui rame
L’quatrième qui essaime
Et l’trente-trois qu’ça laisse froid…
Ah mes frères qu’c’est éprouvant d’faire partie des Franc-macs
Ah mes sœurs qu’c’est éprouvant
De marcher vers l’Orient !

PSY
Je vois ! Vous avez peur de marcher vers l’Orient. Peur de devenir Grand-Maître !
LUI- (estomaqué)
Moi ? peur ! Pourquoi aurai-je peur ?
PSY
Pourquoi voulez-vous devenir Grand-Maître ?
LUI
quelle question !? parce que j’ai une mission.
Parce que j’ai la conviction que je peux apporter beaucoup à la maçonnerie universelle.
PSY
En grattant sa pierre, chacun apporte quelque-chose à la maçonnerie universelle, mais n’aspire pas pour autant à devenir Grand Maître.
LUI
Oui mais moi, servir la maçonnerie c’est ma vocation !
Je l’ai toujours eue : Apprenti à 18 ans, compagnon à 19, Maître à 20, Vénérable à 21…
PSY- (exaspérée)
Et Trente-troisième à 33 ans je suppose !…
Bon ! on va pas en faire tout un chapitre ! D’ailleurs, fréquentez-vous toujours les loges bleues ?
LUI – je ne vais plus en loge bleue !
PSY – Alors imaginez que vous êtes en loge bleue.
LUI – Ah ben, ça m’étonnerait !
PSY – Qu’est-ce que vous dîtes ?
LUI – je dis que ça m’étonnerait que je sois en loge bleue. Je n’y vais plus en loge bleue.
Les loges bleues, c’est triste et minable. C’est plein d’apprentis qui n’ont rien à dire…
PSY – J’entends bien, mais c’est une supposition. Vous êtes en loge bleue…
LUI – (Froid) Non ! (Silence de stupéfaction) Je ne suis pas en loge bleue. Je vous dis que je n’y mets plus les pieds en loge bleue. Je hais les loges bleues. Les loges bleues, rien que d’y penser ça…
PSY – Mais en admettant…
LUI – Ahhhh !
ELLE – Mais il n’y a pas que des Hauts-grades, dans votre obédience !
LUI- (Il est pris de tics et de grimaces, et se met à chanter) sur l’air de Quand la mer monte)
Raoul de Godewarsvelde – Quand la Mer Monte ( Jean Claude Darnal ) 1968 – YouTube

Dans les Hauts Grades, je bade, je bade
En loge bleue, j’suis nerveux.
Ça manque de classe, je m’y ennuie, j’m’y lasse
Les trois degrés, ça n’me fait plus bander.
Les trois degrés, ça n’me fait plus bander !

PSY
Eh bien voilà ! Y a quelque chose à gratter, là !
LUI
à gratter ?
PSY
Oui, à approfondir, à creuser si vous préférez… Vitriol, ça vous dit quelque -chose ? … Parlez-moi de votre apprentissage. Parlez-moi de votre initiation.
LUI
Vous vous foutez de moi ? J’ai déjà donné mes impressions d’initiation ,On n’a pas le temps !
Ils sont des centaines à poireauter dans les parvis, à m’attendre…
PSY
Pourtant, si vous voulez qu’on découvre l’origine de la maladie.
Son déclencheur inconscient .…
LUI
vous voyez bien que c’est seulement quand je commence mon discours!
Que je gesticule , que je chante et que je me gratte ! Ça devrait vous suffire pour votre diagnostic.
PSY
Vous dites le mot juste.
Diagnostic !!! Mais oui ! Bien sûr ! C’est bien ça !
le syndrome de Gilles de la Lyrette : un chant incontrôlable aggravé de surplus d’un tic rituélique.

3- un tic rituélique

LUI – Un… Un… tic… ri… tu… é… lique ?

PSY
Exactement. Ça ne fait aucun doute. Votre trouble est rituélique, d’origine maçonnique.
LUI
Dîtes que je suis dérangé par la maçonnerie pendant que vous y êtes, que la maçonnerie m’a rendu dingue !
Ah ! je n’aurais jamais dû écouter ma secrétaire et accepter de vous consulter.
Vitriol ? Tu parles ! (Il rit) « Visite l’intérieur du Grand Maître et en creusant tu trouveras sa pierre fêlée ».
PSY- (elle linterrompt brutalement)
Assez ! Assez ! Vous voyez bien qu’il faut que je vous soigne !
Tu as besoin d’aide, mon frère !
LUI
Ah ! Je vois clair dans ton jeu, petite. Dis-moi ! Qui t’a envoyé pour me faire passer pour fou, hein ?
Quelle obédience concurrente ?
(ELLE tousse, grimace, chante)
(Sur lair de « Bambino ») Bambino Dalida – 1956 – Dalida officiel – YouTube

Tu es perdu tu te sens triste mais tu les aimes
Tes beaux bijoux et ton cordon de trente-troisième
Faire ton discours t’accable comme une âme en peine
Et d’y penser, te fais gratter, tu broies du noir

Refrain
Ah ! les planches bassinantes / plein le dos, plein le dos
Et les discours convenus / plein le dos, plein le dos
Et l’esbrouffe récurrente / plein le dos, plein le dos
Qui nous plombe les tenues

Et gratte, et gratte, quelle pantomime !
Tu es trop rigolo
Pourtant tu as mieux à faire
Que d’chialer sur tes misères
Et chante et chante de ta voix chagrine
Tu n’es pas Caruso
Chante, chante tant que tu veux
On ne te prend pas au sérieux

Refrain

LUI
Tu dis vouloir m’aider, mais tu l’as attrapé aussi le virus de la Lyrette ! Tu n’es pas aussi maligne que Paulette le dit !
PSY
Évidemment que je l’ai attrapé ! c’est vous qui me l’avez refilé ! Ce sont les risques du métier : parfois le psy devient plus malade que son patient et là !!!!
LUI
Non ! pas les Psy de mon obédience !
Elle chante, sur l’air de Serge Lama : je suis malade (refrain)
Je suis malade Lara Fabian French and English subtitles – YouTube

Je ne rêve plus / je n’écoute plus
Comme je me sens / bizarre
J’ai mal de partout / et je suis à bout
De vivre avec vous / ce cauchemar
Je n’ai plus envie / de jouer la Psy
Ça me fiche le / cafard.
Qu’enfin à minuit, dans ma soulerie
J’oublie toute cette histoire /
Dans mon / plumard
Je suis malade / complètement / malade
Comme quand / si tôt sortie du noir
Je me suis découvert’ tout’ nue / dans le miroir
Je suis malade / parfaitement / malade
Je ne / sais plus je ne sais quand
En quel / orient je ne sais où
On m’a tiraillée zigzaguant /
Parmi ces fous.

 LUI
Je m’en fous que vous soyez malade ! Débrouillez-vous ! Moi, il me faut un médecin, un vrai, qui me prescrira des anxiolytiques, des neuroleptiques, ou je ne sais quoi. Adieu ! (il la pousse vers la sortie)
PSY
les anxiolyTIQUES, les neurolepTIQUES ne soignent pas les TICS !
LUI- (sortant de ses gonds)
Écoutez, madame la Psy… regardez-moi ! regardez-moi bien en face. (imiter de Funès)
Vous voyez un tic, là, par hasard ? Y a un tic ?… Y a pas de tic !
S’il s’agissait d’un tic rituélique, comme vous dîtes, j’en aurais quand j’avais trois ans.
PSY
Il n’y a pas que les apprentis qui peuvent avoir des tics.
Il y a des cas parmi les maîtres : des tics mystiques, des tiques ésotériques, des tics mosaïques, des tiques comiques,
laïques…
Mais les tics rituéliques sont généralement la manifestation d’une peur, d’une peur mythique.
LUI – Mais je n’ai pas peur des mythes.
PSY – Mais si !
LUI – Messie ? Jésus !
PSY
Mais non, pas Jesus. Mais si.
Si ! Vous êtes Hiram… qui a peur… peur de sombrer dans le ridicule… le Roi est nu !
Vous avez peur d’avoir peur et ça vous fait croire que vous n’avez pas peur.
LUI
La peur d’avoir peur ?
Et pourquoi pas la peur de ne pas avoir peur, tant qu’on y est ?
Et la peur d’avoir peur de ne pas avoir peur ?!
On dit que les maçons, on encule les mouches, mais vous alors, vous feriez bien d’aller vous faire…
PSY- (outrée, elle se lève)
d’aller me faire… c’est ça, hein ?
LUI – je n’ai pas dit ça !
PSY
Mais vous ne pensez qu’à ça !  Je le lis dans votre regard.
Vous m’auriez…
Elle prend un air de souffrance de dégoût.
Je m’en vais  ! Débrouillez-vous tout seul avec la Lyrette !
(Elle ramasse son carnet et va vers la sortie)

4-drame chez la psy

LUI
NOOOON.   attendez, je… je suis désolé, je n’avais pas l’intention de…
PSY
Laissez-moi passer ! S’il vous plait !
LUI
Si je vous ai blessé, je le regrette.
(Suppliant) Vraiment… Docteur. S’il vous plait.
PSY
Je ne peux pas travailler avec quelqu’un qui, en plus de souffrir de névroses ritueliques, souffre d’obsession phalliques et peut être même sadico-phalliques.
LUI
(Véxé) Je ne vous permets pas. Vous parlez au Grand Maître !
PSY
je sais bien, mais votre trouble de Gilles de la Lyrette, ça fait la huitième fois qu’il se manifeste quand vous prononcez ce mot emblématique : « obédience ».
Ceci révèle un conflit entre votre conscient et votre inconscient, et votre inconscient, qui a peur pour vous, ne veut pas que vous fassiez ce discours.
LUI
De quoi il se mêle, mon inconscient ?
PSY
C’est ce que je cherche à savoir.
Faites-moi confiance.
Si je réussis, votre discours sera le meilleur que vous n’aurez jamais prononcé.
LUI- (rassuré)
Vous avez ½ heure.        Vous me promettez que vous allez trouver le truc ?
PSY
Promettre ? vous savez ce que sont les promesses de francs-maçons… symboliques !
Vous devez me faire confiance.
C’est tout !
Pour ça, il faut que vous me traitiez d’égal à égal.
LUI
Mais vous n’êtes qu’apprenti, et moi je suis…
PSY
Le niveau, mon frère ! (Le téléphone sonne) Ah non !
LUI
(Il décroche) Oui chérie… (2 sec)
Je me prépare, ne t’inquiète pas. Je suis avec la… le docteur des troubles du… de la gorge…
Tu as repassé mon sautoir ? (2 sec) Merci. Et toi… (3 sec)
Tu es obligée de la mettre cette robe noire ? Pour une fois, tu leur diras… (1 sec)
Ce n’est pas possible ? Mais on ne verra pas la belle robe rouge que je t’ai… (2 sec)
Alors qu’on voie bien ton collier, hein ! …
Et soigne ton maquillage. A tout à l’heure ma chérie… (2 sec) Oui ! tu seras à l’Orient !
(Il raccroche). C’est ma femme.
PSY
Votre femme est aussi votre sœur ?
LUI
Oui, à la GLFF. Pfff… Leurs robes noires, ça cache tout ce qui fait la grâce d’une femme !

5-le père

PSY
Bon alors ! On commence ?
LUI
On commence par quoi ?
PSY
(elle le fait asseoir) Dîtes-moi le premier mot qui vous passe par la tête.
LUI
Maillet !… J’aurais aimé garder celui de Vénérable. Mais maintenant, je tiens celui de lobédience.
Il Chante :  Refrain de « laccordéoniste Edith Piaf “L’accordéoniste” | Archive INA – YouTube

J’suis Couvreur et j’ m’embête
Au fond de l’atelier
Je n’suis plus à la fête
D’puis qu’on m’a débarqué
Quand la tenue s’achève
Je m’en vais visiteur
Chercher un peu de rêve
Dans une loge d’essaimeurs.
Quand j’reviens pitoyable
Dans ma loge d’apprentis
Je revois l’Vénérable
Que j’ai été jadis

 

L’ouverture j’l’écoute plus
Le signe j’le fait plus
La batterie me laisse imperturbable.
Et mes yeux malheureux
Suivent le jeu nerveux
Du maillet précieux
Du Vénérable.

PSY (chante la suite)

Ça lui rentre dans la peau
Par le bas, par le haut
Il voudrait remonter, il s’agrippe,
Tout son être est tendu,
Son souffle est suspendu
Il est vraiment fondu
D’cordonnite.

PSY – Intéressant. Un deuxième mot !
LUI
Heu…  Je ne sais pas moi… cordon ! Vous avez vu celui de mon Obédience ?
Il chante – Sur l’air de “Les bonbons” de Jacques Brel) jacques brel les bonbons – YouTube

J’voudrais porter un beau cordon
J’sais qu’les honneurs c’est périssable
Mais un cordon c’est tellement bon
Y’a rien qu’à voir notr’ Vénérable
Ah c’qu’il est fier comme un camion !
J’voudrais porter un beau cordon.

PSY
Bien, bien, bien ! parlez-moi de votre entrée en maçonnerie.
LUI – Je suis entré par la porte…
PSY- (ironique)
Je sais ! elle était basse… mais encore ?
LUI – C’était contre l’avis de mon père.
PSY
Vous aviez besoin de l’avis de votre père ? vous étiez adulte, non ?
LUI
Vous ne pouvez pas comprendre.   Mes parents, c’étaient des cathos…
l’Action Française… l’OPUS DEI…
Alors vous pensez, quand je suis rentré en maçonnerie… l’école de Satan…
PSY
Si je comprends, oui ! Fais ta prière et au dodo, première communion, l’école des curés, mariage à l’église… Et votre mère ?LUI
Ma mère voulait m’envoyer au séminaire : elle avait beaucoup d’ambition pour moi, ma mère.
Elle voulait que je devienne quelqu’un.
(vif) Eh bien voilà, elle n’a pas à se plaindre, non !?
PSY
Parce que vous pensez être devenu quelqu’un ?
LUI- (il la regarde de haut)
Je suis Grand Maître, tout de même !
PSY- (ironique)
le pape en quelque sorte ! Ah ! Il doit être fier votre catho de père.
LUI
Mon père, mon père… Il n’y a que ça qui compte pour vous ?
PSY
ça compte pour beaucoup de monde vous savez. Maintenant que vous êtes au sommet de la maçonnerie, qu’en pense-t-il votre père ?
LUI
Il est tombé malade le jour où je suis passé maître.
Je suis allé lui rendre visite le soir même à hôpital.
Pendant que je répondais aux coups de fil de félicitation de mes frangins, lui, il fixait le plafond de la chambre.
J’ai fini par m’en aller… j’avais l’impression de le déranger.
(Une pause) Il est mort le lendemain matin.
Il aurait pu attendre un peu, pour voir son fils Grand Maître.
(Silence, Il regarde la PSY)
(La Psy sapproche du GM, pose une main compatissante sur lui)
PSY
Vous devez tuer votre père !
LUI – Mais il est mort !
PSY
Raison de plus.
La figure du père qui vous maudit, c’est une des causes de votre tic.
Vous devez le tuer, tuer le père, lui pardonner et ensuite à nouveau l’aimer.
LUI
Maintenant ?
PSY
Tout de suite !
LUI
Et comment on s’y prend pour tuer un père qui est déjà mort ?
PSY
Vous avez un objet lui appartenant ? une photo ? un chapeau ?
LUI
J’ai gardé sa calotte et son chapelet… mais pas ici.
PSY
Bon. (Elle lui donne un carnet)   Tenez. Écrivez le nom de votre père.
(Il écrit) En majuscules !
(Elle arrache la page et la lui remet).
Ça, c’est votre père.
LUI
Heu…
PSY
Vous le visualisez ?
LUI
Pff… non !
PSY- (autoritaire)
Vous le visualisez ?
LUI
oui, oui, je le visualise.
PSY
Très bien. Maintenant, tuez-le. Pas de pitié ! réduisez-le en miettes !
(Il froisse le papier et le jette à terre)
Bien ! Très bien ! Mais… il bouge encore !
(Alors il marche sur le papier et le piétine)
(La PSY attrape le papier froissé, lapproche de son visage, fait parler le papier)
« Mon fils, écoute papa. Tu seras curé. Tu porteras la soutane ! »
(Il lui arrache alors le papier des mains, le déchire en mille morceaux)
PSY
– Plus fort ! foudroyez-le !
( LUI, saute dessus, sacharne, se déchaîne)
(La PSY lui fait signe que ça suffit)
Très bien, très bien. Voilà. Il est mort, bien mort. Alors, comment vous sentez-vous ?
LUI-
(surpris) Bien…plutôt bien…
PSY
On continue ! Votre mère ?

6-la Belle-mère

LUI
Ma mère ? Parlons plutôt de ma belle-mère ! Ah ! elle est bien vivante celle-là.
PSY
Soit ! allons-y avec la Belle-mère. Qu’est-ce qu’elle vous a fait votre Belle-mère ?
LUI
Ce qu’elle m’a fait ?… (Il imite la belle-mère)
« Vous voulez ma fille jeune homme ? Sachez que ma fille n’épousera qu’un franc-maçon ! » J’aimais la fille, alors je suis devenu franc-maçon.
(Silence)  Eh oui, tout ça… c’est à cause d’elle !
(Révolté) Sinon jamais mon père…
PSY
Ah non ! il est mort ! Allez, au tour de la Belle-mère ! vous connaissez la technique !
LUI- (il prend le carnet, note le nom de la Belle-mère, déchire la feuille, et sapprête à le piétiner quand le téléphone sonne)
PSY
Mais qu’est-ce que c’est ? Je ne peux pas continuer comme ça !
LUI- (se lève et décroche le téléphone) Oui… passe-le-moi !
(Il masque le combiné) C’est Martin du Suprême Conseil.
Ça fait 15 fois qu’il m’appelle pour m’imposer Marcel au plateau de Grand Orateur.
« N’oublie pas qui t’a fait 33… n’oublie pas qui t’a fait 33 !».
Il n’a que ça à la bouche. Ce n’est pas un Canari, c’est un perroquet.
PSY
Ne répondez pas.
LUI
Il va rappeler.
PSY
Raccrochez !
LUI-
(il raccroche) Il va rappeler.
(un temps) Vous savez, on n’arrive pas tout seul au sommet.
Il y a tous ceux qui vous harcèlent pour avoir un cordon, un titre, un hochet.
(Le téléphone sonne. Il se lève et décroche)
PSY
Passez-le-moi !
(elle lui arrache le combiné des mains)
LUI
Mais…
PSY-
Allô, oui… Rappelez dans une heure.
Il chante en faisant caca.
(Elle raccroche et laisse le combiné débranché).
Revenons à votre Belle-mère.
LUI
(stupéfait) Vous êtes folle !
PSY
Votre Belle-mère. S’il vous plaît.
LUI
D’accord… (il prend le billet et le met en pièce et le jette à terre. Soulagé) Ouf…
PSY
Parlez-moi des frères et des sœurs de votre loge à présent.
LUI
Des connards !
PSY
Vous avez des problèmes avec votre loge ?
LUI
Ils ont poussé le Véné à ne pas voter pour moi au Convent… C’est lui, la boule noire !
PSY
Et pourquoi votre loge n’a pas voté pour vous ?
LUI
Pour me faire chier ! Déjà, pour devenir Véné, il m’a fallu intriguer, écarter, m’imposer.
J’ai tenu un an. Ils m’ont démissionné. Des aigris, des jaloux. Et après, Couvreur, ça a été un calvaire !
(reprenant le dessus) Mais maintenant, c’est moi qui tiens lObédience !
PSY- (chant sur lair de Dalila. Il venait davoir 18 ans) https://www.youtube.com/watch?v=eo-TKOUtTXg

Pourquoi râler, bouder sans cesse
Et péter plus haut que tes fesses
Sur les colonnes
En Salomon tu étais Roi
Mais tu n’es plus rien de tout ça
Quand minuit sonne
Tu te languis, tu t’avachis
Regarde un peu les apprentis
Ça les fait rire
Au fond, l’épée sur tes genoux
Tu n’écoutes plus rien du tout
Et tu délires

LUI – C’est pas moi qui délire, c’est eux !
PSY
Peut-être qu’ils pensent que vous n’êtes pas fait pour être Grand Maître, dans votre atelier.
LUI- Qu’est-ce qu’ils en savent ?
Ils ne sont jamais sortis de leur loge bleue. Moi, j’ai présidé le 4ème, et le 18ème, et le 30ème… qu’est-ce qu’ils savent de tenir un maillet ?
PSY- Mais vous, vous vous sentez légitime ?
LUI- cinq cent votants… quatre cent quatre-vingt-dix-neuf boules blanches !
PSY
ça ne veut rien dire.
LUI
ça ne veut rien dire, ça ne veut rien dire ? Vous insinuez que je ne suis pas le meilleur ?

7- vous croyez être le meilleur

PSY
Vous croyez être le meilleur parce que les autres pensent que vous l’êtes.
LUI
C’est ça, oui.
PSY
Mais vous-même, vous ne le pensez pas.
LUI
Écoutez ! vous me courrez sur le haricot. Vous me gonfler !
PSY
Mais c’est vous qui vous gonflez, qui vous gonfler d’importance !
Après avoir gonflé les FF et le SS de votre atelier, vous allez maintenant gonfler ceux de votre Obédience !?
(Elle chante)
(Sur lair de jme voyais déjà Aznavour) Karaoké Je m’voyais déjà – Charles Aznavour * – YouTube

Il s’voyait déjà Président de l’Ordre
Sous voûte d’acier et maillet battant l’était accueilli
Il’s’voyait déjà à donner des ordres
A des Vénérables qui n’étaient pour lui que des apprentis
C’était le plus grand des Sérénissimes
Même les 33° du Suprême Conseil l’accueillaient debout
L’était tout en haut de la pyramide (il était en haut)
Nul ne portait mieux que lui ce sautoir pendu à son cou.

LUI (il poursuit la chanson)

Ma pierre s’est fêlée bien sûr sous de maints taillages
Mais le geste est là, mes coups sont précis et j’ai du ressort
Mes sens ont faibli un peu en prenant de l’âge
Mais sur le métier, je tiens les outils et je planches encore.
Rien que sous mes pieds, de tenir l’équerre
Et voir devant moi des frères éblouis j’ai le cœur battant
Je perçois toujours un maigre salaire
(Ensemble ?) Mais au fond de moi je suis sûr pourtant d’être méritant.

PSY- Vous ne vous sentez plus aimé ? Alors comment espérez-vous pouvoir conduire votre obédience ?
LUI-  (il est pris dun mal de gorge, de tics, et commence à chanter)

O Bella Ciao, Bella Ciao, Bella Ciao Ciao, Ciao… (ou autre chose daussi bref)

Ah ! Non ! Qu’est ce qui me prend ? ça recommence.
Ça me rend dingue.
GADLU, faîtes quelque chose !
PSY
Calmez-vous, c’est normal.
LUI
Comment ça, normal ?
PSY
Allongez-vous
(Il sallonge, épuisé). Voilà. Respirez.
LUI
Aaah ! ça me brûle. Et vous, au lieu de m’aider, vous m’enfoncez davantage.
PSY
Calmez-vous. Respirez doucement…
LUI
Je deviens fou. Vous avez fait ressortir toute cette merde !
Et maintenant ? qu’est-ce qu’on en fait ? Hein ?.
(Pleurnichard) Il avait raison mon papa.
PSY
N’oubliez pas que vous l’avez exterminé votre père.
Tout va bien se passer, nous y sommes presque.
LUI
Pas du tout ! Je me sens de plus en plus mal. Bon dieu, qu’est-ce que je dois faire ?
PSY- (douce)
Rien, justement.
LUI
Rien ? Mais je dois préparer mon discours, présider le Convent, installer mon Collège.
Et la conférence de presse ? Il faut bien que je fasse quelque-chose !
PSY
Du calme.
En voulant trop faire, trop dire, trop montrer, vous allez faire des déçus, des aigris, des jaloux… comme dans votre loge bleue.
Alors soyez cool.     Vous avez besoin qu’on vous aime.
L’amour, voilà votre remède.
LUI
L’amour ? Mon remède ?
PSY
L’admiration, les acclamations, les batteries d’allégresse.
C’est ça votre remède.
LUI
C’est vrai que ça me fait du bien, tout ça… Oh oui !
PSY
Alors soyez grand !
Donnez de l’espoir aux jeunes apprentis qui voient en vous le personnage puissant qu’ils pourront devenir à leur tour.
Faîtes-les rêver.
Faîtes-nous rêver.
Embarquez-nous dans votre délire.
LUI
Mon délire ?
PSY
Oui, depuis votre initiation à la vie comme à la maçonnerie, vous êtes ballotté entre le délire mégalomaniaque – devenir le pape ! – et le trouble de la personnalité narcissique.

8- délire

LUI
Vous voulez dire que… je suis en plein délire ?
PSY
Oui ! Et ça, depuis que vous avez quitté le Dieu de votre papa pour le GADLU de votre Belle-mère !
LUI
Mais ça fait plus de 40 ans !
PSY
Eh bien oui. Ça fait 40 ans que vous délirez de grade en grade.
Et ce matin, en répétant votre discours devant la glace, vous avez pris conscience de votre délire, et vous avez pris peur…
Les tics rituéliques sont apparus automatiquement…
(elle mime le tic à la gorge)
« J’aimerais mieux avoir la gorge tranchée que de continuer à délirer ! »
Voilà ce qu’il vous disait votre miroir.
LUI
Mais c’est horrible ! En tous cas ça ne me dit pas comment sortir de ce délire.
PSY
Nous allons pour cela le contrôler, votre délire…
(elle réfléchit) Dîtes-moi votre discours. Allez-y !
LUI
Ah non ! on ne va recommencer !
PSY- (autoritaire)
Le discours !
LUI- (vaincu, boudeur)
C’est avec opiniâtreté et non sans émotion, que je m’attacherai à fortifier les orientations…
PSY
Ça manque de pêche.
LUI- (plus énergique)
À fortifier les orientations et les choix fondamentaux des objectifs de mixité…
(il commence à avoir des tics, il fait de grands gestes comme à litalienne)
PSY
Restez à l’ordre, bon sang ! Allez !
LUI
Des objectifs de mixité qui caractérisent la finalité initiatique de notre obédience. Confiant en l’avenir d’un syncrétisme maçonnique…
PSY- (elle jubile)
On l’a eu la Lyrette !
LUI
Pourquoi m’interrompez-vous ? ça partait bien !
PSY
Vous êtes-vous rendu compte que vous avez passé sans encombre le mot « obédience » ?
Plus rien !  Allez ! on reprend !
LUI
Vous avez coupé mon élan !
(Il essaie de reprendre. Il bafouille, il n’arrive plus à articuler) Un syncrétisme maçonnique, dans une large mesure enraciné dans nos mécanismes symboliques…
(il s’effondre, pleure comme un petit enfant, va se moucher dans la robe de la Psy… il prend une voix de bébé)
Maman… je veux ma maman. Ma maman !… J’y arriverai pas ! (se couche sur le divan)
PSY
Bien  (elle réfléchit)
Est-ce qu’il y a une personne qui vous excite particulièrement ?
Sexuellement parlant.
Quelqu’un avec qui vous aimeriez avoir un rapport sexuel ?
Une sœur, un frère… un jeune apprenti.
LUI
(il a retrouvé sa voix) Mais dîtes donc. Pour qui me prenez-vous ?
PSY
Y’a quelqu’un ?
LUI
C’est personnel !
PSY- (elle insiste)
Y a-t-il quelqu’un ? répondez juste par oui ou non.
LUI
Non…
(il réfléchit lidée semble soudain lexciter)
Enfin. Il y a peut-être… (regard complice vers la Psy) Paulette, oui, ma secrétaire… celle qui vous a…
PSY
Elle fera l’affaire.
Allez ! pensez à elle. Laissez-vous envahir par Paulette.
Comme si vous lui chantiez quelque chose, à elle, rien qu’à elle.
LUI
Rien que pour Paulette ?
(Après hésitation, il chante)
(Sur lair de « Chez Paulette »/Delpech) Michel Delpech “Chez Laurette” | Archive INA – YouTube

1-      ELLE
Puisque ce soir vous avez l’âme en peine
C’est pour Paulette que vous allez chanter
D’autres airs que vos stupides rengaines
Qui vous démangent et vous font vous gratter
2-      LUI
Refrain
En chantant pour Paulette
Je deviens tout bébête
Elle me fait tant rêver, Paulette

 

ENSEMBLE (suite Refrain)
Elle est bien, elle est chouette
Mais faut pas s’y tromper
Elle n’aime que les baisers, Paulette

 

3-      LUI
A sa façon de m’appeler son frère
J’ai hâte de la revoir en tenue
Et à minuit quand s’éteind la lumière
A ses doux yeux dévoiler mon cœur nu
4-      ELLE
Refrain
En chantant pour Paulette
Il a perdu la tête
Elle l’a chaviré, Paulette

 

ENSEMBLE (suite Refrain)
Elle set bien, elle est chouette
Mais faut pas s’y tromper
Elle n’aime que les baisers, Paulette

PSY-
Allez ! reprenons nous  ! du nerf, bon sang ! le discours !
LUI-
Non ! Je ne me sens pas.
PSY
Et vous savez pourquoi vous ne vous sentez pas ?
C’est par ce que vous manquez de virilité.
LUI
De virilité ? moi ? (Il la regarde de haut, très macho et narquois)
PSY
Vous la réprimez.
LUI
Je la réprime ?
PSY
Si vous aspirez à être aimé, par Paulette et par les autres, il va falloir vous transformer en objet de désir.
LUI
En objet de désir ?
PSY
Oui ! en homme ultra viril qui en a ! Voyez ce que je veux dire ?
LUI  – Évidemment

9- la pression testiculaire

PSY- (Un temps)
Vous avez déjà subi une pression testiculaire ?
LUI
Une quoi… ?
PSY
Une pression testiculaire.
LUI
je ne suis pas sûr de bien comprendre.
(Il regarde vers ses testicules. Limite il a envie de les cacher. Il a un peu peur de ce quil va entendre )
PSY
Chez les hommes, l’énergie vient de là !
(Elle désigne ses testicules)
Il est important qu’à un moment de leur vie, quelqu’un les prenne par les testicules et les presse bien fort.
LUI
Vous voulez dire symboliquement parlant … c’est une métaphore ?
PSY
je veux dire littéralement.
C’est la meilleure façon d’éveiller votre virilité.
Votre père ne vous l’a jamais fait quand vous étiez petit ?
LUI
Mon père ? Ah non !
PSY
Mais peut-être qu’un prêtre… à l’école des curés…
LUI – Ah non !
PSY
Vous êtes sûr ? Vraiment sûr ?
LUI (il se cache le visage de honte, effondré) Non ! pas ça ! jamais !
PSY
Je comprends maintenant !…
Eh bien il faut évacuer le souvenir de ce traumatisme, et lui substituer un acte thérapeutique qui l’effacera dans votre mémoire.
Pour cela, il vous faut trouver quelqu’un qui le fasse… une femme en qui vous avez toute confiance.
LUI – Oui, d’accord, plus tard !
PSY
Non ! Aujourd’hui même !
Vous en connaissez une qui pourrait le faire ?
Votre femme, l’Hospitalière ?… Le Tuileur ?
LUI- (stupéfait et désespéré)
La Sœur Terrible… avec sa poigne ?
PSY
Eh bien, si vous voulez, je peux m’en charger.
LUI- (effrayé) Vous ?
PSY
Oui.
LUI
Non… ce n’est pas nécessaire…
PSY
Vous savez, pour moi, c’est strictement professionnel.
Beaucoup de mes patients me demandent de le faire.
D’ailleurs j’ai tout le matériel dans mon cartable !
(La PSY sort un gant pour faire la vaisselle. Il est décoré. Très fifille)
(Il recule)
Ça ne fait pas mal !
LUI
Mais qu’est-ce que vous faîtes ?     Ça suffit !     Ça devient n’importe quoi !
Paulette m’a dit que vous étiez médecin.
Vous n’êtes qu’un charlatan !
Je ne vais pas vous laisser me tripoter les couilles parce qu’un… un Gilles de la Lyrette m’empêche de faire mon discours.
PSY
Il vous EMPÊCHAIT de faire votre discours.
LUI
Quoi ?
PSY
Votre tic…
(elle fait le mouvement de se prendre la gorge, et émet quelques vocalises)
A disparu.
(Il réalise. Stupéfaction)
Et c’est grâce à qui ?
Allez-y. Faites-moi confiance.Vous allez voir.
(Elle se saisit du discours et le commence)
« C’est avec opiniâtreté et non sans émotion, que je m’attacherai à fortifier les orientations et les choix fondamentaux…
LUI- (il poursuit le discours)
…des objectifs de mixité qui caractérisent la finalité initiatique de notre obédience.
(Il toussote légèrement et esquisse juste quelques gestes anodins)
Confiant en l’avenir d’un syncrétisme maçonnique, dans une large mesure enraciné dans nos mécanismes symboliques, je
tiens à vous exprimer, avec l’humilité qui sied à tout maçon conscient de la vastitude cosmique…
(Il sarrête et regarde la Psy)
C’est dingue !
(La psy a un petit sourire satisfait)
(Il se caresse la gorge)
Je suis guéri ?
PSY
Oui, enfin… presque.
(La psy tend la main vers lentrejambe du GM. Il a un léger recul, hésite, puis il lui fait signe dy aller.)
LUI
Eh merde ! Servez-vous.
PSY-
(elle lui saisit lentrejambe)
LUI-
(il chante quelques vers sur un ton de fausset, peu à peu retrouve sa voix initiale )
Sur lair de Femmes, femmes, femmes, de Serge Lama
Serge Lama Femme, femme,femme 1978 – YouTube

Lui             1
Chuis / ravi / de sentir que fricotte
dedans ma culotte – la main de / ma sœur.
Finie la lyrette, ça fait des pirouettes
Dans mon cœur
Elle
Sans / faire d’omelette / de tes cacahuètes
J’ai / soigné / tes bobos
Ce soir j’ai gagné tes bravos
Lui
Femme, Femme, Femme, ma voix se réveille
Femme, Femme, Femme, je sors du tunnel
Femme, Femme, Femme, voici revenus
Les souvenirs perdus de mon enfance
Ensemble (Femme Femme Femme chanté par lui seul)
Femme, Femme, Femme, finies les embrouilles
Femme, Femme, Femme, écrasée la trouille
Femme, Femme, Femme, battons les tambours
Laissons-nous aller – à / l’a-mour
Elle                  2
Eh / mon frère / ce soir c’est la bourrasque
Jette donc ton masque – et tes airs / d’opéra
Cesse de paraître, tu seras Grand-Maitre
Sans bla-bla
Lui
Loin / de toute frime / des Sérénissimes
Des Vénés / des egos /
ce soir je te tire mon chapeau
Femme, Femme, Femme, fais moi voir le ciel
Femme, Femme, Femme, je sors du tunnel
Femme, Femme, Femme, voici revenus
Les souvenirs perdus de mon enfance.
Ensemble (Femme Femme Femme chanté par lui seul)
Femme, Femme, Femme, finies les embrouilles
Femme, Femme, Femme, écrasée la trouille
Femme, Femme, Femme, battons les tambours
Laissons-nous aller – à / l’a-mour

10- Final

PSY
Vous voyez.
Nous avons chanté parce que nous l’avons décidé ! on n’est plus malade !
Nous n’avons pas eu besoin de chloroquine ni d’astra Zeneca.
( à part fière et rieuse ) je crois que je vais faire breveté la méthode.
C’est bon non ?
Alors maintenant, laissez-vous aimer !
Que les 499 qui ont voté pour vous continuent à vous aimer.
Et moi aussi je vous aime.
LUI- Vous… vous aussi, Vous m’aimez ? c’est vrai ?
PSY-
Mais oui !
elle sapproche de lui en tendant la main
 il recule, effrayé, se protège, craignant quelle le reprenne par les testicules)
Mais non !… l’attouchement.
LUI-
(perplexe) L’attouchement ?
PSY
Eh bien oui. Donnez-moi l’attouchement.
Vous l’avez oublié ?
(Ils se prennent la main et ne se lâchent plus)
Maintenant qu’il y a tout cet amour, revenons au discours.
LUI   (il se tient bien droit.  Prend une inspiration. fait une petite vocalise. Hésite et demande 🙂
Il faut que je pense encore à Paulette ?
PSY
On s’en fout de Paulette .
Au diable Paulette .
LUI- Au diable Paulette ?
PSY
Mais oui, vous n’avez plus besoin d’elle.
Vous n’êtes plus le petit apprenti maçon honteux coupable d’apostasie.
Maintenant vous êtes grand, vous êtes Maître… vous êtes Grand Maître !
Pensez à tous ceux qui vous aiment… et à moi aussi ! Allons-y !
ENSEMBLE (ils prennent en main le discours)
« C’est avec opiniâtreté et non sans émotion, que je m’attacherai à fortifier les orientations et les choix fondamentaux… »
PSY- (elle lui lâche la main).
Tout seul maintenant.
Comme un grand.
LUI- (il termine son discours)
« …des objectifs de mixité qui caractérisent la finalité initiatique de notre obédience… »
PSY- (elle applaudit) – Excellent ! J’adore !
LUI
C’est vrai ?
Ah ! vous ne savez pas à quel point je vous suis reconnaissant.
Je ne pensais jamais y arriver.
Ahhh ! la main de ma sœur… (timide) Je peux te tutoyer ?
PSY-
Maintenant, oui.
LUI – (un temps) Je vais avoir besoin de toi.
PSY- Pourquoi faire ?
LUI
Nous allons réécrire l’histoire de la maçonnerie mixte.
La vraie mixité, c’est nous !  C’est toi avec moi.
(Il pose une main affectueuse sur l’épaule de la PSY)
Alors ?
PSY
Excuse-moi. Mais avant de te répondre , j’ai une petite question.
LUI- (très avide dentendre la question)    Je t’écoute.
PSY
Pour que je puisse sortir de mon rôle de psy et redevenir ta… ta sœur, il faut finaliser le travail que nous venons de faire ensemble…
Je ne voudrais pas être grossière, mais… qui va régler ma consultation ?
LUI-   (un peu déçu, ce nest pas ce genre de question quil attendait)
Eh bien… c’est ma secrétaire, Paulette.
Je l’appelle.
(Tous les deux se regardent)
PSY + LUI – (ensemble)
On sen fout de Paulette !
(Ils échangent une franche accolade. Ils rient)
LUI –  Il y a une chose que je voudrais te dire…
PSY- Ah oui ?
LUI – C’est important. Ce n’est pas facile à dire…
PSY – Ce sont souvent les choses les plus importantes qui ne sont pas faciles à dire.
LUI – J’ai besoin de t’avouer… je peux ?
PSY- (émue) – vas-y !
LUI- ça restera entre nous ?
PSY – Promis.
LUI- (un temps) (grave)
Mon élection… la boule noire…
C’est moi qui l’ai mise.
PSY – (décontenancée) J’avais compris.
( ils se regardent un moment, tout bêtes puis se prennent soudain par les mains, heureux)
(ils chantent sur l’air de l’avventura de Stone et Charden) avec une chorégraphie
STONE & ERIC CHARDEN – L’AVVENTURA – YouTube

Elle
C’est la Lyrette
Qui nous chavire tous les deux
De Ton délire, nous avons défait le noeud
Lui
Ça me chatouille, l’attouchement avec toi
Plus de gratouille, tu as fait renaître ma voixEnsemble
Sous l’acacia
Avec toi je me sens tout gaga
Sous l’acacia
C’est la fête quand on se tutoie
Elle
Sous l’acacia
Tu seras grand maître grâce à moiLui
Sur du velours je ferai mon discoursEnsemble
En même temps je penserai à toiLui
Sans ta  main tendue
Je serais dans la détresse
Je jure de ne plus
Péter plus haut que mes fesses

Elle
Prends ton sautoir, et monte fier au lutrin
Et sans histoire, déclame ton baratin

Final ensemble
Sous l’acacia
À midi je me sens tout gaga
Sous l’acacia
À minuit je ne vois plus que toi
Sous l’acacia
Pour nous deux ça ne s’arrange pas
C’est la Lyrette qui nous reprend la tête
Avec toi  c’est le nirvâna !
Musique et pas de danse , puis Ensemble, 2 fois le refrain avec le public

 

FIN