Reconnus conjugaux

Trois personnages : 2 hommes 1 femme.
Un couple vient solliciter un Vénérable pour obtenir une cérémonie de reconnaissance conjugale.

Véné- Bonjour, prenez-place. C’est donc mon confrère, le Vénérable des « amis intimes » qui vous envoie afin que j’organise pour vous une cérémonie de reconnaissance conjugale. C’est bien ça ?
Elle- oui mon Frère.
Véné- Ah ! Parce que tu es maçonne, toi-aussi ?
Elle- Ben oui !
Véné- Pourtant, d’après le dossier… Mais après tout, pourquoi ne serais-tu pas maçonne toi aussi !
Elle- ça y est ! les clichés machos !
Véné- Donc mon frère, c’est toi qui es au GO…
Lui- Ah non, non. Moi je ne suis pas maçon !
Véné- (il consulte son dossier) Comprenons-nous bien. C’est donc toi ma sœur qui est maçon au GO.
Lui- Elle maçonne aussi avec moi, sur mes chantiers.
Véné- vos chantiers… Comment ça, vos chantiers ?
Lui- Ben oui, je suis maçon…
Véné- Tu… vous êtes maçon ?
Lui- Non ! je ne suis pas maçon ! Je suis maçon…de métier. Et sur nos chantiers, les femmes aussi elles gâchent !
Véné- Ben ! Sur les nôtres aussi… la preuve. (Il désigne lascivement la sœur) Et ça ne gâche rien !
Elle- Bon, mon frère. Cette reconnaissance conjugale, tu peux nous la faire ou pas ?
Véné- Avant, je voudrais savoir si vous… vous qui n’êtes pas… est-ce que vous y consentez ?
Lui- Oui, si on ne m’oblige pas à devenir maçon.
Véné- Ce n’est pas une obligation, mais pourquoi vous ne voulez pas devenir maçon ?
Elle- En fait, au départ il est catho, mais son ex, qui était athée, a réussi à l’embobiner pour le sortir de sa bigoterie ; jusqu’au jour où elle en a eu marre de vivre avec un maçon libre-penseur ; alors elle s’est barrée !
Véné- Mais attendez, de quoi vous me parlez ? Dîtes ! Vous n’êtes pas en train de m’embrouiller ?
Elle et Lui- (Ensemble et en riant) Si !
Véné- Bon ! revenons à nos maçons… à nos moutons. Donc vous, catho, vous devenez libre-penseur avec la première, mais vous refusez de devenir maçon avec celle-ci… (ironique) Peut-être l’aimez-vous moins que la première…
Lui- (affirmatif) C’est exact. Ni plus ni moins d’ailleurs. Moi, les femmes… c’est juste pour les faire maçonner !
(Un temps)
Véné- Vous foutez de ma gueule, là.
Elle et Lui- (Ensemble) oui !
Véné- Bon. Une reconnaissance conjugale sans amour… Elle est un peu tordue votre demande, non ?
Elle- Tu n’as pas à porter de jugement sur nos sentiments, mon frère. Tout ce qu’on demande, nous, c’est d’êtres reconnus conjugaux.
Véné- Et pourquoi tenez-vous tant à être reconnus… conjugaux comme vous dîtes ?
Elle- Tu comprends, mon frère, partager ma vie avec un maçon qui n’est pas maçon et qui me fait maçonner, pour mes frangines maçonnes, ça sonne faux. Alors qu’avec une reconnaissance conjugale…
Véné- Mais comment vous relier à notre chaine d’amour si vous ne vous aimez pas vous-mêmes ?
Elle- C’est vrai ça. (À lui) : Allez, montre un peu que tu m’aimes.
Lui- (il réfléchit) Et nous l’aurons, alors, notre reconnaissance conjugale ? Eh bien pour te prouver que je t’aime, j’accepte de devenir maçon !
Véné- ça ne me parait pas très franc, votre combine… Et vous, comment pouvez-vous espérer devenir mon frère si vous n’aimez pas ma sœur ?
Lui- Oh, que vous êtes compliqués, vous les maçons francs. Viens, Janette, on se barre !
Elle- (au Véné) Tu vois, avec tes conneries de grammaire…
Véné- Conneries de grand-mère ?
Elle- De gra-mmaire ! Oui. Reconnais-le !
Véné- Reconnaître quoi ?
Elle- Que tu ne sais pas conjuguer au présent !… Avec tes conneries, tu viens de perdre une capitation !