Le Rire maçonnique

Inspiré du sketch des Inconnus   https://www.youtube.com/watch?v=2ORq1Yk5C8w
Trois personnages: ELLE : présentatrice; le TILL F. GERARD; l’ ILL F. ANTOINE

Débat public sur un plateau Télé.

ELLE – Bienvenue à tous. Voici un moment de détente puisque nous allons nous entretenir sur le rire. Le rire maçonnique bien-sûr, ses origines, ses caractéristiques, et pour débattre sur ce sujet, j’ai à mes côtés le Très Illustre Frère Antoine Fussier, éminent maçon et spécialiste du rire maçonnique.
ANTOINE – Spécialiste est un tantinet pompeux, disons juste Grand Inspecteur Général, 33ème du Rite Ecossais Ancien Accepté du Suprême Conseil des Aréopages réunis, et attentif du rire si vous me permettez cette alliance de concepts un peu déconcertante.
ELLE – tout à fait Antoine. Également à mes côtés, l’Illustre Frère GERARD Blanchon qui nous vient de Paris et qui est le brillant essayiste d’un ouvrage intitulé « étudiologie comparée des rires Français, Égyptiens et Ecossais »
GERARD – absolument ! Merci très aimable sœur et encore ravi de pouvoir étudiologuer avec vous la quintessence naturelle de ce qu’est le rire maçon.
ANTOINE – quintessence naturelle, donc quintessence sans plomb si vous me permettez cette allégorie alchimique.
ELLE – Très drôle ! Je crois que le débat s’annonce sous les meilleurs auspices
GERARD – Auspice and Love (ils rient)
ELLE – Rentrons tout de suite dans le vif du sujet. J’aimerais savoir : qu’est-ce que le rire maçonnique ?
ANTOINE – Ah ! C’est une vaste question. Si on s’en réfère au manuscrit de Cook dans son éloge de Vitruve et la trame biblique d’Adam à Zorobabel, tout est dit ; le rire maçonnique est avant tout cosmique et multi rite.
GERARD – cosmique et comique ! Mais entendons-nous… multi rite depuis que Pythagore l’a délivré de l’hétérodoxie d’Hérodote…
ANTOINE – et de Pausanias
GERARD – Pausanias, évidemment, en 64 si mes calculs sont exacts.
ANTOINE – 68 peut-être, mais on ne va pas chipoter…
ELLE – Ah oui, très bien, très bien ! Permettez-moi tout de même d’aller un plus avant. Peut-on rire de tout en maçonnerie ?
ANTOINE – Ah, c’est-à dire, bien sûr, le rire au 1er degré dérive irrémédiablement vers la vulgarité.
ELLE – mais est-il besoin d’évoquer la vulgarité, mon Frère Antoine ?
ANTOINE – Ah ben, en tant qu’étymologiste du rire, il le faut… nous n’avons pas cité cet illustre 33ème, Membre actif du suprême Conseil qui disait : « dans la vie d’un maçon, ya pas que le cul pour s’envoyer en l’air ! »
ELLE – S’il te plaît mon frère !
GERARD – c’est vulgaire, c’est vulgaire !
ANTOINE – vulgaire parce que vous le prenez au 1er degré ! Nous voyons par là à quel point la vulgarité du 1er degré peut étouffer le message humoristique du trente-troisième degré !
GERARD – Il put tout aussi bien le dire au deuxième degré : « dans la vie d’un maçon, ce n’est pas en restant assis sur son derrière qu’on va éprouver la volupté d’élever sa conscience dans les hautes sphères de la connaissance humaine… »
ANTOINE – mais c’eut été moins drôle !
GERARD – évidemment, le second degré n’est pas toujours drôle, mais moins vulgaire en tous cas !
ANTOINE – Cul, dans la bouche d’un trente-troisième, ce n’est pas vulgaire !
GERARD – je suis d’accord avec toi, mais ne limite pas ton aphorisme aux seuls 33ème du rite écossais. Je connais des Egyptiens du 99ème degré qui bouillent à l’idée de gagner un degré pour s’envoyer en l’air…
ELLE – c’est en effet d’un autre niveau que le premier degré !
ANTOINE – et même au-dessus du second et troisième degré.
GERARD – au-dessus de tous les degrés inférieurs en fait ; nous pouvons le dire, nous, cher confrère !
ELLE – je vais me permettre de jouer les candides : pourquoi un franc-maçon rit-il ?
GERARD & ANTOINE – Ah Ah Ah !
ANTOINE – oui, pourquoi sur les colonnes quelquefois, avant même de rejoindre les parvis, ce soulagement subit de nos zygomatiques si longtemps retenus par la contraction conjuguée du besoin de bailler et de l’envie de pisser ?
GERARD – pisser de rire ! Tout est symbole !
ANTOINE – Eh bien c’est clair. Ça été démontré depuis peu, le mécanisme métaphorique du rire maçonnique s’établit en 3 points : la symbolique, l’analogique, la diabolique. On n’y échappe pas !
ELLE – plus concrètement mon frère Antoine… ?
ANTOINE – peux-tu dire « médecin » ?
ELLE – médecin
ANTOINE – (il lui pince les seins) tsoin tsoin !
ELLE – (elle rit) Ah oui !
ANTOINE – si tu veux, la symbolique c’est la représentation que tu fais du médecin, l’analogique c’est la traduction phonétique que je t’en donne…
ELLE – Ah oui, mes deux seins…
ANTOINE – et la diabolique, c’est tsoin tsoin (il renouvelle son geste)
ELLE – la gestuelle a de l’importance, n’est-ce pas ?
ANTOINE – oui, en ce qu’elle a de diabolique (il lui refait tsoin tsoin avec les mains)
ELLE – d’accord, d’accord…
GERARD – excuse moi ma sœur, mon illustre confrère ne me contredira pas, mais si on décale la diabolique à l’analogique… (Elle l’écoute, cherchant à comprendre) par exemple, dis tsoin tsoin !
ELLE – tsoin tsoin
GERARD – (il lui pince les seins) mes deux seins… tu vois !
ANTOINE – c’est moins drôle
GERARD – mais on peut le faire différemment
(Il s’apprête à recommencer, elle l’éloigne)
ELLE – je voudrais juste pousser un peu plus loin notre investigation ; si par exemple je ne dis pas médecin.
GERARD – qu’est-ce que tu veux dire ?
ELLE – je ne sais pas… grenade !
GERARD & ANTOINE – (tous les deux en même temps lui pressent les seins) boum boum !
GERARD – ça éclate… de rire, forcément !
ANTOINE – si tu veux, c’est un peu comme l’archétype de la tâche du sac aux propositions. Sans tâche ou sans attache ? Tu connais ?
ELLE – heu…
ANTOINE – eh bien, tu as une tache !
ELLE – Ah bon ? (Elle regarde son corsage)
ANTOINE(il en profite pour mettre sa main sur le corsage et lui relever le menton) attache !
GERARD – (tend à son tour la main vers son corsage) quel bijou tu as là ?
ELLE – (elle regarde sur sa poitrine) où ça ?
GERARD – La la !
ELLE – (elle rit) c’est très drôle, ça fonctionne !
ANTOINE – et puis c’est poétique… D’ailleurs Anderson est un comique connu.
GERARD – Poésie, finesse… finesse ! C’est le maître mot du rire maçonnique. Si vous me permettez cette métaphore je dirai que la vulgarité profane est à l’humour maçonnique ce qu’un tronc anorexique est à la Veuve !
ANTOINE – ce que la fesse est aux loges mixtes !
GERARD – ce qu’un trente-troisième prostatique est à la chaîne d’union !
ANTOINE – ce que…
ELLE – (débordée et surprise par leur vulgarité, elle les arrête) S’il vous plaît mes Frères !… notre entretien touche à sa fin…
GERARD – tant qu’il ne touche pas autre chose…
(Rire gras des deux)
ELLE – Nous allons reprendre le cours de notre émission…
ANTOINE – (à Gérard) tu connais l’histoire du trou de cul qui veut être Vénérable ?
(Rires gras)
GERARD – et celle qui se relevait sous le tablier…
ELLE – (elle a hâte d’en finir ; elle les éjecte et bafouille) merci à nos deux spécialistes du rire gras… du rire… ehh…AA !