Pour qui elle se prend, celle-là ?

4 personnages : 2 comédiennes et un comédien maçons, la femme de ménage profane.

En coulisses, les comédiens, costumés, attendent d’entrer en scène lors du Festival d’Humour Hilarion.
À l’écart, une fille est en train d’astiquer les miroirs, balayer la loge…

COMÉDIENNE 1- (regarde sa montre) Ah ! J’en ai marre d’attendre ! à quelle heure on va jouer ? (Soupir)
COMÉDIENNE 2- c’est insupportable qu’on nous fasse poiroter de la sorte. Qu’est-ce qu’on attend pour entrer en scène ? Que nos deux vieux schnoks aient fini leur numéro ! Ah ! ces deux-là !
COMÉDIENNE 1 – Et toujours à nous faire suer avec leur… « de notre temps ».
COMÉDIENNE 2  – Ils se foutent vraiment des artistes !
COMÉDIEN – Vous oubliez mes sœurs qu’il s’agit des membres fondateurs du Festival ! ce n’est pas rien tout de même !
COMÉDIENNE 1– Alors toi, ça ne te fait rien d’attendre comme un con ! je te rappelle que tu tiens le rôle du roi Salomon tout de même !
COMÉDIENNE 2 – ça ne te gêne pas, toi, le roi, qu’on se moque de toi ?
COMÉDIEN– voyons mes sœurs ! Les personnages que nous interprétons… c’est pas nous !
COMÉDIENNE 1- Mais nous sommes des comédiens tout de même !
COMÉDIENNE 2- qu’ils respectent les acteurs, enfin !
COMÉDIEN – Allons, un peu de simplicité ! Que faîtes-vous de l’éthique maçonnique et du niveau ? Un peu de décence enfin mes sœurs ! Franchement vous me décevez !
(Silence gêné)
COMÉDIENNE 1- Ah ! tu as raison Salomon… euh… Philippe, de nous rappeler à plus de simplicité.
COMÉDIENNE 2- c’est vrai, soyons plus modestes. Le théâtre et la maçonnerie nous l’enseignent. Il n’y a pas de meilleures écoles d’humilité que la loge et les planches.
(Silence)
COMÉDIENNE 1- Moi par exemple, j’ai ce super costume qui me fait paraître plus belle que je ne suis, mais en fin de compte, ce ne sont que des oripeaux qui ne me rendent pas plus intelligente.
COMÉDIENNE 2- et ce titre pompeux qu’on me donne dans la pièce… Illustre grande maîtresse de… de quoi ? je vous le demande !
COMÉDIENNE 1- on me considère parce que je suis Vénérable de ma loge, et que je joue ici la comédie, mais au fond, dans la vie, je suis peu de chose…
COMÉDIENNE 2- c’est comme moi, à tenir des rôles dans ce prestigieux festival j’ai acquis une certaine notoriété dans mon orient et au-delà même… Peypin, Gardanne… mais tout bien pesé, je ne vaux pas grand-chose…
COMÉDIENNE 1- oui, ayons un peu de retenue !
COMÉDIENNE 2- oui, sachons faire preuve de modestie…
COMÉDIEN- la modestie… ? c’est moi qui en manque le plus mes sœurs. Après tout, qui suis-je pour vous avoir fait la morale, là, à l’instant ?
COMÉDIENNE 1- tu as bien fait Philippe. C’est nous qui ne valons rien !
COMÉDIENNE 2- de nous trois, c’est tout de même moi qui vaux le moins !
COMÉDIEN- Bah ! nous ne valons pas mieux les uns que les autres.
COMÉDIENNE 1- Pas mieux, d’accord ! mais moi je vaux certainement moins encore.
COMÉDIENNE 2– Non, c’est moi, des trois, qui vaux le moins !
LA FILLE- (interrompant son ménage) Vous êtes de bons comédiens tous les trois ! Ouah ! des supers vedettes ! Alors vous pensez, moi, assistante, tout juste bonne à tirer les câbles, à brancher la sono et régler les lumières… et qu’est-ce qu’on me donne à faire ? astiquer la loge ! Ah ! C’est bien un travail de femme ! astiquer ! Alors, s’il y en a une qui ne vaut rien ici, mais vraiment rien, c’est bien moi !
Les 3 COMÉDIENS – (Stupéfiés, Qui c’est, celle-là qui se mêle de leur conversation? Hautains, irrités, d’une même voix 🙂 Mais pour qui elle se prend celle-là ?