Variations sur le Tronc de la Veuve

ESSAIS SYMBOLIQUES
Titres des Essais: Variations sur le tronc de la Veuve, Variations sur l'Opacité, Variations sur le coq et la chouette, la lettre G, Essaimage et Fleur de l'âge, 
le Tire-Bouchon, QI maçonnique, l'Habitude écrit à la Tradition, Tais-toi et taille!, Gâteau d'apprenti, la Maçonnite, Sous le Pavé la Plage, 
Au clair de la Lune, Méthode ASSIMIL, Maçonnerie sans Cédille, Cours du Soir, Le Sage ne rit qu'en tremblant, Agapes,  Rire et initiation

 

Variations sur le Tronc de la veuve…

 

  1. Le tronc d’une veuve

  2. Veuve tronquée

  3. Un tronc, des bourses, un PAC’S

  4. TR c’est TR…

 

Lire également à la rubrique “Pièces” :
 A quelle Veuve le Tronc ?

“…le profane reçoit la lumière( ) à la suite d’épreuves diverses dont la première a nom : graissage énergique de Troncs de Veuves et de sacs à galettes…”
1- LE TRONC D’UNE VEUVE
 
De ma propre cérémonie d’initiation, je n’ai conservé que des lambeaux de souvenirs : le froid polaire du cabinet de réflexion, le réconfort du troisième voyage, l’amertume du calice, le sourire des FF. dans la lumière retrouvée, les décors rococo et le parler singulier des dignitaires à l’Orient.Mais je me souviens avoir pensé, ravi, que j’étais là, exactement là où je devais être, en ce lieu et en ce moment où mon imagination et la réalité se rejoignaient, sans que je sus dire laquelle, de l’imagination ou de la réalité avait rattrapé l’autre: confusion des sens et de l’entendement, confusion accrue par une profusion d’images insolites stratifiées en un collage baroque d’où se dégageait – cerise sur le gâteau- le tronc d’une veuve que le V M invitait à circuler.Le tronc d’une veuve ! Pour qui a été nourri au sein de la Victoire de Samothrace ou à celui de la Liberté de Delacroix guidant le Peuple, le sevrage eût pu être fatal. Or au contraire, cette image ringarde et burlesque, esquisse inattendue d’un symbolisme propice à la dérision, me confortait dans l’idée première que j’étais bien là, exactement là où je devais être.
J’imagine que de nombreux FF et SS ont éprouvé la même sensation.
D’aucuns pourront plaisanter et se dire : “Avoir pris le tronc de bienfaisance d’un Hospitalier pour le giron hospitalier d’une veuve, il fallait qu’il fût barjot… déjà !”
Je ne voudrais pas froisser les aimables railleurs en leur rétorquant qu’ils ont une vision bien étriquée de l’ésotérisme maçonnique. En effet, un apprenti, à qui l’on vient tout juste de passer le tablier dans le but, lui explique-t-on, d’apaiser ses misérables passions, à qui l’on offre des gants ou une rose en lui parlant de femme, comment ne pourrait-il pas être séduit par cette forme allégorique de générosité qu’est le sein d’une veuve?La générosité, justement,  parlons-en, car il serait dommage de ne pas profiter de cette réflexion pour connaître les relations que chacune des loges entretient avec son tronc de bienfaisance, du petit tronc maigre et actif au gros tronc gras et spéculatif !
Et que dire des relations intimes et furtives qui s’établissent entre chacun de nous et la fente de ce bastringue où avec deux tunes, notre bonne conscience gagne quelques minutes de satisfaction ?
Entre gens bien, dit notre rituel, la générosité doit demeurer discrète; c’est pourquoi le tronc est muet et ne dévoile jamais ni nos largesses ni nos déficiences, quand par exemple, après avoir vidé nos poches il ne nous reste plus que la pièce de 1 franc qu’on destinait au parcmètre…
” Donner avec ostentation, disait Pierre Dac, ce n’est pas très joli, mais ne rien donner avec discrétion, ça ne vaut guère mieux”. Ne pensait-il pas au tronc de la Veuve, notre F. Dac ?Mais au fait, qui est donc cette Veuve dont on dit que nous sommes les enfants et par laquelle nous descendrions tous d’un tronc commun ?
Avant qu’on y réponde, je voudrais faire ici une brève digression : Que ceux… ou celles de ses enfants qui convoiteraient la veuve, leur mère, dans je ne sais quel élan incestueux, prennent garde qu’on ne les mêle aux “amants de la Veuve”, ceux- là même qui regrettent le temps béni où ils pouvaient renifler l’odeur de sang caillé sous les jupes de la guillotine !    Après cette coupe brutale -mais qui est encore une affaire de tronc- revenons à notre Veuve. J’en devine qui pâlissent : “Nous avons juré de garder le secret sur les arcanes des grades auxquels nous avons été élevés” . Certes ! Mais qui n’a pas encore compris que le secret maç. n’était pas une question d’occultation, mais tout bêtement une question d’incompréhension ?Occulte la Veuve ! Occultes les symboles découpés, saucissonnés, tronqués ! On peut toujours écouter… C’est autre chose, d’entendre !
Entende qui peut !
2- VEUVE TRONQUEE

Je suis tombé sur un vieil os, encore bon à croquer, je vous invite à le briser entre nous, espérant que vous le trouverez à votre goût et moelleux à souhait !…
Il faut bien avouer que du haut de ses trois ans, ne sachant ni lire ni écrire, l’apprenti s’ennuie. Il songe rêveur à sa colonne sans vie, trop inactive au regard de ses nobles et juvéniles aspirations.
Or, trois ans, ce n’est plus l’âge de l’insouciance mais bien celui des premiers tourments psychoaffectifs, notamment de ceux que N T Ill F Sigmund FREUD identifia et désigna sous l’appellation de “Complexe d’Oedipe”.
Aussi, c’est sous un éclairage psychologique qu’est entreprise cette étude du tronc de la Veuve ; un sujet brûlant, en fait, que nous avons voulu saisir à bras le corps et sur lequel nous avons décidé de nous étendre, à nos risques et périls il est vrai, mais aussi et surtout pour notre plus grand plaisir, ça va sans dire !
Tout m’incline à croire qu’il existe bel et bien un complexe d’Oedipe Maçon qui, de façon inégale, certes, nous affecte tous néanmoins, sans exception. Il concerne non seulement tous nos jeunes apprentis, initiés de fraîche date, mais également tous ces vieux apprentis en l’âme, fiers de l’être et qui, prenant régulièrement leur cas pour une généralité, entonnent allègrement le fameux refrain qui dit qu’ici “nous sommes tous des apprentis”…
Pour ma part, j’affirmerai d’emblée qu’ils n’ont pas tout à fait surmonté leur complexe “d’Oedipe Maçon”.
Sans jouer à l’Oracle de Delphes, quoi que…
Sans endosser le déguisement du Sphinx, bien que…
Sans interpréter le rôle spécieux d’un certain Créon, encore que…
Comme vous le savez, le légendaire Oedipe ôta délibérément la vie à un homme qui s’avéra être son père, Laïos, Roi de Thèbes. De surcroît, il coucha avec sa mère, Jocaste, qu’il avait épousée tout en acceptant le trône du défunt roi car telle était la récompense ingénument offerte par l’oncle Créon, à quiconque vaincrait, pour de bon, le Sphinx dévoreur de Béotiens… Ce faisant, Tonton Créon ignorait qu’il plongeait la main de sa soeur sous la fustanelle d’un aventurier qui n’était autre que ce fils parricide qui, non content de l’avoir réduite à l’état de veuve éplorée, lui ôtait incestueusement toute vertu et la condamnait irrémédiablement au suicide !… Que vaut en pareil cas l’excuse “Je ne l’ai pas fait exprès” ?
Sans doute existe-t-il de bien subtils mystères qui échappent encore à nos sens ordinaires… Il est bien un domaine où l’aveugle peut voir du bleu dans le noir, au tréfonds de lui-même… Ne t’évite pas, ne t’évite pas, ne t’évite pas… Connais-toi toi-même !
Reprenons notre analyse. Résumons :
D’abord, en perdant Laïos, Jocaste perdit donc sa moitié et devenait ainsi, comme je viens de l’expliquer, une “veuve tronquée”. Mais ça, c’est une fausse piste, juste une galéjade pour égarer un peu tous ceux qui se baladent et viennent gentiment nous visiter en touristes ! Car la Jocaste, ne l’oublions pas, elle se retrouva tout entière dans les bras de son Œdipe maudit. Elle était alors si bien constituée qu’elle parvint à lui donner quatre enfants, pour moitié fils ou filles et à demi frères ou sœurs…
Dès lors que fut totalement consommée cette union immorale, découvrant avec stupeur son abjecte situation matrimoniale, Jocaste, on le conçoit, défaillit aussitôt…
Cela lui coupa les jambes, les bras lui en tombèrent, bref, elle finit, naturellement, par perdre la tête !
Et c’est ainsi qu’à jamais, d’elle il ne devait nous rester que le tronc, le Tronc de Veuve…
Voilà, ayant désormais planté le décor, nous allons pouvoir enfin pénétrer dans le vif du sujet et nous l’approprier très maçonniquement.
Tout d’abord, puisque le tronc nous reste, malgré l’horreur que cela nous inspire, surmontons notre dégoût et ne perdons pas nos moyens… Même si durant quelque temps nous demeurant sans Voie, nous perdons la Parole, sans hésitation, donnons, donnons, donnons… et, par exemple, tentons par tâtonnements successifs, par quelques attouchements appropriés, de redonner vie à ce Tronc de la Veuve… Que par les Trois Points de la F M active y soit ravivée la flamme de la féminité ! Sur cette obscure clarté qui nous vient de la Lune et qui tombe aussi des Étoiles, levons un coin du voile afin que par elle nous soyons enfin totalement éclairés.
Il est grand temps de nous interroger : de ce Tronc de Veuve que pouvons-nous, que devons-nous donc faire ?
C’est évidemment au plus hospitalier d’entre-nous qu`est traditionnellement confié le Tronc mutilé et exsangue de la Veuve .
Notre Garde des Eaux, j’entends par là le conservateur des liquidités occultes de notre R L (qu’il ne faut d’ailleurs pas confondre avec le Garde des Sceaux qui est, quant à lui, très officiellement habilité à tout tamponner), le bien nommé F. Hospitalier veille donc affectueusement sur le Tr de la V.
Le gardant par dévers lui, toujours à portée de la main, il en caresse du regard les aimables rondeurs, dans le secret espoir que cet aimant de nos bourses stimule activement les élans de nos cœurs… Il est le Tonton Créon, évoqué plus haut, qui propose complaisamment sa “Jocaste tronquée” à chacun d’entre-nous ; nous qui sommes autant de joyeux initiés victorieux du Sphinx !
Mais force nous est cependant de constater qu’à l’instant où va s’interrompre le travail, le Tr de la V n’est gros, que dis-je gros !… n’est guère perfusé que par les jets sporadiques et parcimonieux de nos bourses, à l’évidence plutôt plates…

3- UN TRONC, DES BOURSES… UN PACS !

Vous avez tous déjà remarqué que notre V.M. est toujours le premier sollicité au passage du Tr. de la V.. Il est donc le premier à faire acte de générosité lors de cette brève quête exotérique à l’issue de laquelle il lui est à nouveau proposé de disposer librement du Tr. de la V.. Sans hésitation, il s’empare aussitôt, ouvertement et sans retenue, à seule fin de récolement, affirmant ainsi une volonté de total abandon et d’oubli de soi : il ne saurait violer ou s’approprier pour un usage exclusif ce Tr.  de la V., au demeurant plus attractif qu’au départ…
Il faut dire qu’un tel comportement, exceptionnel chez un profane, n’est au sein de notre institution qu’une pratique assez courante, conforme au rituel, et contre laquelle apparemment aucune proposition n’a jamais été formulée avec succès.
Cela d’autant moins que le Sac aux propositions ignore avec une parfaite indifférence ce Tr. de la V. auquel il tourne le dos depuis toujours, le précédent bouche bée, non sans cérémonie d’ailleurs, menant prétentieusement sa vie de célibataire, oui, je dis bien “célibataire” puisqu’il revient le plus souvent “vide et sans attache”, ce qui ne lui interdit pas de se livrer parfois à une béante et perverse concurrence qui l’entache occasionnellement de quelques fâcheuses méprises.
A mon avis, il faudrait davantage de solidarité au sein de ce couple disparate que constituent le Sac aux Propositions et le Tronc de la Veuve.
L’un étant plutôt réceptif actif et l’autre réceptif passif, une sorte de PACS symbolique pourrait les unir et harmoniser davantage leurs rôles respectifs.
En toute logique, le Sac aux Prop. devrait, si je puis dire, emboîter le pas au Tr de la V , surveillant ainsi ce qui constituerait désormais “son petit trésor”, tout en demeurant disponible pour accueillir, quant à lui, toutes suggestions utiles, voire juteuses et nous incitant, par exemple, à user de ce nerf que constitue en soi le contenu réel de nos bourses pour féconder au mieux, par l’entremise du Tr de la V , la Terre des Hommes, au lieu d’y financer encore quelques dévastations guerrières…
Nous devons honorer sa fente hospitalière dans laquelle chacun peut et doit déposer, selon ses moyens, mais sans retenue ni fausse pudeur, comme une semence sacrée, un peu de son blé et, surtout, un peu de son cœur…
Ce Tr. de la V., c’est aussi Coré, oubliée aux enfers, qu’il nous faut arracher à l’emprise d’Hadès et ressusciter aussi afin que tous ensemble nous puissions chasser les rigueurs de l’Hiver et célébrer, comme il se doit, la douceur du Printemps, la chaleur de l’été…
Hommes, sachons ne point précipiter la venue de l’automne… le rosier, sans fleurs, s’effeuille d’ennui et se réduit à ses tristes épines, quant à la fleur que nul ne cueille et que rien ne butine, tandis que s’atrophie son coeur et se fanent les couleurs de sa robe inutile, elle se meurt plus stérile que le désert, plus froide que l’hiver…
Tant il est vrai qu’en effet nous ne recevons que si nous savons donner !
4- TR c’est TR !

C’est toujours pareil, c’est un exercice d’équilibre. Entre double sens, l’ambiguïté, et pourquoi pas le scabreux, il faut cheminer entre le noir et le blanc, le coq et la chouette, sur le fil du rasoir.
Le Tr de la Veuve…! Le Tr de la Veuve…! Ça serait encore le Tr. de la V. on aurait au mois l’illusion de la liberté, mais là…
Allez, un petit passage par le dictionnaire, histoire de trouver le début du commencement d’une idée. Vous ne pouvez pas avoir idée du nombre de mots qui commencent par Tr dans la langue. Dans le Petit Robert, édition de 1984, entre la page 1993 et 2035, il y a pléthore.
J’ai renoncé. Trop c’est trop.
TROP C’EST TROP!
“Si trois points on enlève, c’est le voile de la V. qui se soulève, et voilà ce qu’on y trouve :”
Récit d’une transfiguration trépidante. 
Au cours d`un traquenard en trompe-l’œil -afin de tromper la mort- un Triton trucida le Trente-troisième (mari) de sa belle maîtresse, la traîtresse.
Triton le traîne-la-patte la trimballa sur son tracteur qui en allant tout de travers la transbahuta vers un trouble tremplin.
Contrainte, elle dut alors sur le trottoir, faire du troc avec son truc.
N’ayant plus rien dans son trésor, sans transition mais toujours sur son trente et un, elle trima pour pas un rond, même pas une tripette.
Bien tristounet le train-train quotidien !
Tel un troupeau de tripatouilleurs, tous les poltrons de la V , les trousse-jupons, trousse-chemises, et tous les autres, sûrs de leur triomphe se partagèrent sans traîner leur trophée !
Trop, c’est trop, transfilée jusqu’au trop-plein, à force de transpirer sur le traversin, elle se tira, et tremblante un tramway elle prit. Elle y rencontra… Désir ! C’était un frère de son 33ème mari, un trappiste transplanté qui avait échappé au trépas.
Délaissant tous les tripots et les chemins de traverse… sur son triporteur elle lui fit faire le trajet qui transcende.
A tous les jeux de tresse (c’était un ancien tresseur) et de maîtresse, elle substitua un jeu d’adresse.
Au trictrac, elle opposa le “trou-madame”. De quoi s’agit-il ? C’est un jeu pour initiés bien triés : sur un tréteau à arcades, treize petites boules doivent rouler jusqu’à leur trou. Pas de tricherie possible, mais un long travail, transmission du secret…
(Comme ça on rejoint le truc…)
Plus tard, troublée mais Ô combien transfigurée par ce transit plus tranquille, d’une voix sans trémolos, elle traduisit le tracé vénérable d’une trajectoire sans truisme… mais non sans altruisme.
A l’aide d’un treuil, elle fut transférée au centre d’un triumvirat où elle reconnut Triton, Désir, et entre eux tel un arbitre : le 33° ! L’avaient-ils vraiment trompée tous les trois ?
Traduite sur un trône surmonté d’un triangle, elle détenait désormais en guise de trousseau (de clés) un trident au tranchant en acier bien trempé.
Munie de cet attribut, elle ouvrit son trésor : il s’était transmuté en tronc surprise, qui sans tambour ni trompette se mit à tricoter, sans tricher, le trait d`union de la trinité pour l’ÉTERNITÉ…