Tuilage selon Béru

CABOTINAGE

Piécettes de théâtre : Galu Imperator, Tronc de la Veuve,
Parodies de rituels : Franc-Glouton, Rituel des voyous, Rituel d'ouverture du bar, Ordre des Mopses, Tuilage selon Béru
Sketchs : Essaimage, Le funambule, Le secret, Bons et Mauvais Maçons, Cours préparatoire, l'Affilié, Orient Éternel, Salle d'attente, 
Post Mortem, Dispute, Interview, Remords, Silence de l'Apprenti, Drame dans les Parvis, Intérim, Interob, Tout est en tout

Le tuilage selon Béru

Au sein de la Respectable Loge “Les Disciples de la Petite Vertu”, l’officier de police Alexandre Benoît Bérurier, collaborateur principal dans le monde profane du célèbre commissaire San Antonio, exerce les fonctions de Frère Fortiche (dit aussi Frère Ex-père, depuis que son fils, Appolon-Jules, s’est barré du domicile paternel).
Ce midi-là, Roro-les Longues Ratiches vient frapper à la porte du Temple alors que les travaux sont déjà en cours.

Premier maton : Vise donc, le dabuche, y a un gonzier qu’est à la lourde, y dit qu’c’est un de nos potes et, en plus, y veut venir bosser, cézigue-pâte, j’te jure!
Le vioque : Qui c’est, c’mecton? Faudrait voir à ce qu’il soye réglo, ou si ça serait pas un locdu, ou pire: un perdreau! Gaffe, les aminches: faut arquer sur la pointe des nougats, pas se laisser empaffer, surtout. Alors vas-y mollo, l’Ex-père, faut l’alpaguer en loucedé, on n’est pas des monstres.
Le Frère Fortiche : D’où c’qu’tu rappliques, mec ?
Le mec : D’une crèche, “Chez Jeannot”, c’est son blaze.
– Alors, comme ça, tu s’rais un frangin, tu nous berlure pas ?
– C’est ce que tous les julots y disent, parole!
– Où c’que t’as été affranchi ?
– Dans une turne vachement réglo, et nickel de partout.
– Y faut quoi t’est-ce pour qu’un turne soye réglo, s’lon toive ?
– Trois zigs pour relever les compteurs, cinq pour faire reluire une frangine et même sept pour que la turne soye réglo et nickel.
– T’annonces combien de piges ?
– Trois berges, ça te va ?
– Un pote, à quoi t’est-ce qu’on voille qu’il en est un ?
– A ce qu’il bonnit, à des trucs, des choses…
– Fais-moi des choses ! (le mec se prend les roustons à travers le falzar)
– Metz Angkor ?
– Qu’y faudrerait pas m’prend’ pour un lavedu, ni compter sur mézigue pour balancer un gnace aux draupers, manière qu’y s’retrouve aux assiettes !
– Bonnis-moi le mot de maison de passe.
– Tube alcalin.
– ça veut dire quoi t’est-ce ?
– C’est le blaze du premier farceur de mes deux.
– Allonge-moi le sacré blaze.
– Pour ce qui est de ligoter, j’ai jamais entravé que dalle
– alors gratter des fafs, j’te dis pas si c’est mon blaud… Mais bonnis-moi la première lettre, je te filerai la suivante, et ainsi de suite: on va bien se marrer !
– J. Comme… gigolpince.
– A. Comme… artiche.
– K. Comme… calmos.
– I. comme… Y m’fait tartir, çui-là !
– N comme… énormité. Ca rime à quoi, tout ce bigntz ?
– C’est le blaze d’une des bitounes grosses comme quand je coule un bronze, juste devant la carrée où ce que les harengs y venaient affurer leur artiche.
– A quoi a r’semb’, ta piaule ?
– C’est comme qui dirait un carré, mais un peu plus grand que large dans le sens de la longueur, si tu vois c’que j’veux dire.
– A m’sure combien t’est-ce ?
– De Saint-Maur à Poissy, d’la Santé à Fresnes, des Baumettes à Fleury-Mérogis.
– Caisse est-y qu’ces salades ?
– Qu’des frangins, y en partout en cabane, ou j’me goure ?…
Le Frère Fortiche (se tournant vers le taulier) : Banco, Tondu, tout est aux pommes. Ce zig est franc du collier, y a rien à redire.
Le vioque : Alors qu’il pose son derche fissa, et qu’il fasse plus chier, bordel !

Frédéric d’Art Royal (Claude M.B.)