Interob

2 personnages et +

2 colonnes formées de quelques chaises se faisant face sont disposées perpendiculairement au public (comme si le public était l’Orient).

La scène est dans une demi-obscurité. On joue “la drague”, le slow du sketch de Guy Bedos, en sourdine.

Les acteurs (un Frère et une Sœur) entrent par le fond, se placent debout devant leur siège, se faisant face. (Ils portent un simple sautoir en tissu –écharpe- ou papier crépon, bleu pour lui, rouge pour elle)

Encore 7 secondes de musique.

3 coups de maillets. Ils s’assoient, le visage tourné vers l’Orient. (Par la suite, sera appelé « position » le visage fixe, tourné vers l’Orient, regard perdu à l’horizon)
Un temps

Elle : (en position) Quelle chaleur dans ce temple ! (elle remonte légèrement sa robe ou sa jupe)

Un temps 

Lui : (se tourne lentement vers elle et lui regarde les genoux en se penchant un peu vers l’avant) Ola ! (il reprend la position)

Elle : (toujours en position) c’est bien ma veine, je suis assise en face d’un pervers.

Lui : (en position) Elle rougit… Mine de rien, je crois que j’ai le ticket ! (il la dévisage et lui sourit, puis reprend la position)

Elle : (en position) Mais c’est pas vrai ! y sont tous comme ça dans cet atelier ? J’aurais pas dû écouter ma Véné : (elle change carrément de voix) « je vous invite à visiter cette loge ; y’aura une planche intéressante… quels symboles se cachent sous le tablier ?… » (Silence 3 secondes) Rien que le titre, j’aurais dû me méfier !  (Elle époussette son tablier –ou ses genoux)

Lui : (en position) Ah ! Elle m’envoie un signe… j’emballe…

Elle : (en position) et en plus il a les cheveux tirés à la gomina… (ou autre remarque sur sa tenue ou son attitude) Beurk !

Un temps

Lui : (en position) je vais l’éblouir la cocotte ! (il demande la parole en frappant dans les mains –on imagine qu’elle lui est accordée- il se lève et face au public, fait semblant de parler avec force gestes des deux bras pendant 10 secondes. Il peut égalelment déclamer un texte drôle sur la mixité)

Elle : (en position) je comprends rien à ce qu’il dit. Et il s’tient même pas à l’ordre… quelle nouille ! (un silence de 5 secondes pendant lequel il continue à « parler ») Qu’est-ce qu’il dit ? « Qu’on n’imagine pas toute les folles passions que peut cacher un tablier… » Mais il va pas bien…

(Il continue à « parler » pendant 5 secondes. Il se rassoit, satisfait, et lui sourit avec ostentation)

Mais il me drague ? Le con !

Lui : (en position) je sens qu’elle médite à fond la caisse. Je t’ai épaté, ma sœur ? Je le lis ça dans ton regard…

Elle : (en position) Mais quelle idée j’ai eu de visiter une loge masculine ! Et ma Véné qui frime à l’Orient. Comme elle se la joue au milieu de tous ces mecs… (Elle se tourne vers lui) et ç’ui là qui cesse pas de me reluquer… il me fait suer à la fin !

Lui : (en position) Elle transpire… (Silence 3 secondes) dommage qu’elle transpire ! Ça me gêne pas des masses, mais elle transpire… (Silence 3 secondes) c’est parce que je dois lui faire de l’effet ! Félicitations Jeannot !

Elle : (en position) je veux sortir ! je veux sortir (elle s’agite, tourne la tête d’un côté, de l’autre, comme si elle cherchait une issue) (en position) mais j’peux pas !

Lui : (en position) elle s’agite… j’la rends dingue la sœurette… (Silence 3 secondes) attends minuit !

Elle : (en position) c’est la dernière fois que je visite des frangins ! (elle s’effondre)

Lui : (en position) elle en peut plus ! Elle se rend ! Bien joué Jeannot, c’est dans la poche !

Elle : Moi qui avais prévu rester aux agapes avec Julie… c’est plus possible ! À minuit sonnant je me tire…

Lui : Aux agapes, je la… je la branche.

Elle : Tant pis pour Julie, je me tire, je me tire…

Lui : Sitôt finies les agapes… je la… je l’amène à la maison.

Elle : je me tire, je me tire…

Lui : et à la maison, je la… je lui déballe ma collection de pin’s maçonniques !