Le ciseau mou

Inspiré de : Le hareng saur / Charles Cros

Il était un grand mur blanc – nu
Contre le mur une échelle – haute
Et par terre, un hareng saur – sec

Il vient tenant dans ses mains – sales
Un marteau lourd, un grand clou – pointu
Un peloton de ficelles – gros

Alors il monte à l’échelle – haute
Et plante le clou pointu – toc…
Tout en haut du grand mur blanc – nu
Il laisse aller le marteau – qui tombe
Attache au clou la ficelle – longue
Et, au bout, le hareng saur – sec

Il redescend de l’échelle – haute
L’emporte avec le marteau – lourd
Et puis il s’en va ailleurs – loin

Et depuis le hareng saur – sec
Au bout de cette ficelle – longue
Très lentement se balance – toujours

J’ai composé cette histoire – simple
Pour mettre en fureur les gens – graves
Et amuser les enfants – petits Le ciseau mou :

Il était une grosse pierre – brute
Sur cette pierre un maillet – lourd
Sous le maillet un ciseau mou – pointu

Il vient tenant en ses mains – sales
Une équerre et un compas – fermé
Alors il pose l’équerre – droite
Et glisse au-dessous le compas – ouvert

Il enfile une paire de gants – blancs
Observe la grosse pierre – brute
Puis d’une main saisit le ciseau mou – pointu
Et de l’autre le maillet – lourd
Quand soudain retentirent des coups – douze

Il repose ses outils sur la grosse pierre – brute
Retire sa paire de gants – blancs
Qu’il emporte avec l’équerre – droite
Ainsi que le compas – qu’il referme

L’heure du repos déjà est arrivée – dit-il
Je tacherai demain de rappliquer – plus tôt

J’ai composé cette histoire – gourde
Pour mettre en rogne les Maîtres – graves
Et séduire les apprentis – petits… petits…