Un sketch qui tourne mal.
2 personnages : LUI (Julio), ELLE (Ysabelle)
Elle entre en scène, attend son partenaire de sketch, qui n’arrive pas.
Elle s’inquiète. Que se passe-t-il ? elle est au bord de la panique.
ELLE- (gênée, en aparté vers les coulisses) Hé Julio, tu arrives ?… Julio !
LUI- (hors scène) Mais qu’est-ce qu’elle fait ?
(En entrant, à Ysa) Qu’est-ce qui t’arrive ? on a décidé de ne pas le jouer ce sketch !
Il est inutile et je ne l’aime pas. On était d’accord, non ? Je te l’ai dit. Il n’est pas question que je joue le rôle de ton amoureux … Ce n’est pas un jeu pour moi ! Tu connais mes sentiments pour toi, Ysabelle, ils sont sincères… Je t’aime Ysabelle ! Je ne veux pas jouer avec ça ! … Je ne jouerai pas cette comédie !
ELLE- Mais qu’est-ce qu’il lui arrive ? Allons Julio, reprends-toi ! on est sur scène, on joue. Tu ne vas pas gâcher le spectacle? On le fait ce sketch, oui ? c’est du théâtre. Montre comment on joue !
LUI- Eh bien, montre-leur, toi si tu veux !… Et puisque tu es si forte pour jouer la comédie, tiens, prend ça ! (il sort des chapeaux d’un carton et les présente successivement à sa partenaire qui les refuse.) Alors celui-là ! (Refus) Ah non ? et avec cette belle casquette (etc.)
À la fin, face à tous ces refus :
LUI- Ah oui ! tu es bonne pour la tchatche, mais pour jouer la comédie… (il lui pose d’autorité une chéchia sur la tête) Tiens ! Avec ça, montre-nous si t’es capable !
ELLE- (elle prend alors l’accent pied-noir) Moi, pas capable ? (Etc. etc.) Tu sais mon loulou, les Pieds-Noirs, elles sont comme les frangines d’ici : elles parlent fort, avec les mains, elles chantent, elles aiment bien l’ail et l’huile d’olive… Les Pieds-Noirs, c’est juste des Marseillaises… plus stylées. Voilà !
LUI- Pour ça, c’est vrai que tu en as du style, ma Zlabias, ma mouna, ma petite kémia, mon loukoum… makroud (prononcé ma crotte)
ELLE- Tu me prends pour une liste de course chez Picard ? Aïe ! aïe ! aïe ! ma mère, qu’est-ce qu’elle va dire ? Allez ! va te les faire chez Picard tes courses !
Quand je pense que je t’ai prévu une petite surprise… symbolique.
LUI- Une surprise, symbolique ?
ELLE- Oui ! J’invite tous les FF et toutes les SS à participer à notre cérémonie de reconnaissance conjugale… autour d’un énorme couscous.
LUI- Non ! tu me roules dans la semoule !
ELLE- dans une loge de Memphis Misraïm, à la gloire du Très Haut !
LUI- Ah non ! tu sais bien que le Très Haut, c’est pas ma tasse d’athée…
Et pourquoi une loge égyptienne ?
ELLE- Parce que mon rêve (elle se met en position de danseuse égyptienne) c’est de jouer Cléopâtre ! (Quelques notes de musique arabe)
LUI- Je reconnais que tu as du nez !
ELLE- Et selon une tradition qui nous vient des Compagnons, nous nous donnerons un nouveau nom.
Pour toi, je verrais bien… Nicolas, du Grec Nikolaos : de Niké et Laos.
LUI- Si je comprends bien : je m’appellerai Nicolas, comme Sarkozy, mais sans que je me tape Carla Bruni !
ELLE- (vexée, elle change de ton) Salaud ! regarde-le-moi, c’ui là !… Je vaux pas la Carla ? He quoi ! Comme Sarkozy !… Parce que tu crois que ça va durer un quinquennat, toi et moi ? Non ! Parce qu’à force de les tourner en dérision les SS et les FF, ils vont bien finir par te faire la peau… (elle prend une attitude méchante)
LUI- Arrête !
(Elle continue)
ELLE- (elle fait le geste de l’ensevelir) Deux pelletées de terre, une branche d’acacia… Peut-être qu’un jour on te retrouvera…
(Elle déclame)
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux.
LUI- Une Pieds-Noirs qui connait Baudelaire !
ELLE- Baudelaire…. (Plus une suite de noms, Improvisation)
LUI- Bon, ça suffit ! on arrête de jouer, là. (Il fait mine de s’en aller) On a écrit une reconnaissance conjugale et tu me fais une cérémonie funèbre. (Suppliant) C’est pas comme ça qu’elle se termine notre histoire d’amour !
ELLE- Hé, hé, Julio, je crois que tu prends ce sketch trop au sérieux. Tu sors de ton personnage. On n’a jamais été amoureux! Tu es en pleine confusion. Oh ! Julio ! je ne suis pas ton amourette. Je suis ta partenaire, et pour ce qui est du reste, (Avec peut-être un bras d’honneur) makach oualou !
Elle sort, le laissant seul, comme un imbécile.