Pièce en 2 actes et 2 tableaux, avec accompagnement chanté
Musique de Oncle Archibald (Brassens) https://www.youtube.com/watch?v=yWQ1v7-eTB0
9 Personnages : Salomon, Mère Hiram, Hiram, Balkis, Femme 1, Femme 2, un Homme, un Soldat + Goujat.
Les couplets de la chanson peuvent avoir été enregistrés préalablement.
Présentation : Nous avons tous lu, ou presque cette sombre histoire que relate Gérard de Nerval dans son « voyage en Orient ». Que s’est-il réellement passé ? nous avons tenté d’en savoir plus.
Acte I – Scène 1 (3mn1/2)
Deux femmes (ou plus) s’occupent à des travaux de maçonnerie. On entend le chant suivant (sur l’air de « Oncle Archibald » :
O vous qui décorez l’Orient
de la Veuve tous les enfants
Les Jocrisse
Comptez plus sur la mère Hiram
Pour vous refaire le coup du drame
De son fils.
Un homme (Goujat) sort de coulisse côté jardin, en courant, poursuivi par la mère Hiram.
Le roi Salomon entre en titubant côté cour, reluque les femmes, ses sujettes, autant que celles qui sont dans le public.
Mère – Goujat ! me mettre à moi la main aux fesses ! sais-tu qui je suis, petit con ?
Elle se heurte à Salomon, qui rit et se moque d’elle. Ils se font face.
Couplet 1
En courant sus à un coquin
Qui lui avait passé la main
Sur les fesses
La mère Hiram cré non de non !
Tomba sur le roi Salomon
Dans l’ivresse
Salomon – (regardant d’un air lassé la mère Hiram)
Beuh !… Ce n’est pas moi, vieille guenon qui t’aurais mis la main aux fesses…
Mais que ce doit être bon de la mettre à ces princesses !
(Il tente de peloter les deux femmes)
Couplet 2
Tel le pire des rois fainéants
Il titubait en remontant
Les colonnes
Reluquant d’un œil croustillant
Plus polisson qu’il n’est décent
Les maçonnes
Mère – Bas les pattes ! fils de David, laid comme un pou !
Tu es ivre et ne tiens plus debout.
Tu n’es qu’une loque et tu perds ta culotte.
Ah ! Si ta mère Bethsabée voyait dans quel état tu es tombé !
Couplet 3
La mère Hiram d’un ton gouailleur
Lui dit : « va-t’en t’faire pendre ailleurs
Marionnette !
Fi ! d’un monarque couronné
Dont le temple va s’effondrer
En miette »
(Elle lève sur lui sa planche à battre le linge ou son rouleau à pâtisserie)
Salomon – (Il sort un couteau de son surcot et en menace la mère d’Hiram en le lui mettant entre les seins)
Mais pour qui te prends-tu sorcière ?
Parce que d’Hiram tu es la mère ?
Que seriez-vous tous deux sans moi ?
Toi à la rue, lui sans emploi !
Couplet 4
Lors, montant sur ses grands chevaux
Le roi sortit de son surcot
Un’ lancette
Et la porta en moins de deux
Entre les seins de la mère de
L’Architecte
Mère – Tu crois m’impressionner ?
Je suis veuve et pensionnée, et n’ai que faire de ton pognon.
Tu es peut-être Salomon, mais si mon fils était là,
Tu cesserais ton blablabla
Salomon – Ton fils ? Tu parles ! Justement, faut que je te dise, veuve naïve…
Sais-tu qu’il part à la dérive ?
La Reine de Saba entre discrètement. Elle est visiblement enceinte.
Couplet 5
À la vieille, très mécontent
Il déclara : « depuis longtemps
Faut qu’j’te dise
Tout c’qu’on raconte sur ton fiston
C’est qu’un fantasme de maçons
Des bêtises.
Mère – Oserais-tu salir mon gosse ? Jusqu’à minuit pour toi il bosse.
Sans lui ta gloire serait bien mince, tu ne règnerais plus sur tes Provinces.
Salomon – Ah ! ton gosse, comme tu dis, porterait-il encore des couches ?
Sais-tu seulement, ce tout petit, dans quel plumard la nuit il couche ?
Mère – Quoi ! que m’apprends-tu ? mon gamin découche ?
Salomon – Eh bien oui ! avec cette éthiopienne… Celle que j’ai reçu chez moi comme une Reine !
Couplet 6
Cell’ qui a couché dans mes bras
Du nom de Reine de Saba
La punaise
M’a fait cocu avec Hiram
Puis a filé, méchante femme
À l’anglaise
Mère – (Outrée) Cette traînée ? Cette Balkis, … avec Hiram, mon fils ? Je ne veux pas te croire ! Tu me racontes des histoires.
Salomon – Eh bien tu n’as qu’à lire de Nerval et son voyage en Orient, tu sauras comment lundi dernier, en visitant la mer d’airain, mon architecte s’est épris de cette catin.
Couplet 7
Tu liras plus tard dans Nerval
Que juste avant qu’elle ne cavale
La traîtresse
S’enflamma pour ton rejeton
Je me retrouvai comme un con
En détresse
Salomon – Depuis, Psitt ! Elle est partie, elle m’a quitté la salope… Tu vois pourquoi depuis (Il lève une bouteille) je bois et je me dope…
Mère – Tu peux continuer à te souler, ivrogne. Tu es cocu, j’en suis fort aise !
Mais que mon fils après toi la baise… Je m’en vais dire deux mots à cette bouffonne.
(Elle sort en marmonnant) Balkis… mon fils…
Salomon empoigne les deux femmes par la taille, et tous sortent en riant, sauf Balkis, la reine de Saba, restée cachée dans son coin.
Scène II (1mn)
Balkis est inquiète. Elle attend quelqu’un.
Hiram entre côté jardin, sûr de lui. Balkis se précipite dans ses bras.
Hiram – Enfin ! j’ai fermé le chantier et renvoyé mes ouvriers. À nous d’aller rêver sous la voute étoilée.
Balkis – Ah ! Comme j’ai craint pour toi !
Hiram – Mais pourquoi donc ma reine ?
Balkis – j’ai vu tantôt ta mère qui s’empoignait avec le roi. Notre liaison la rend furieuse… et ce qu’elle n’a pas dit sur moi !
Hiram – Ne t’en fais pas ma douce. Le veuvage de ma mère la rend amère…
Balkis – Aies pour ta mère les égards d’un bon fils, mais qu’elle ne t’empêche point d’épouser une métisse !
Hiram – Ô ma Balkis !
Balkis – Ô mon Hiram !
Hiram et Balkis s’enlacent tendrement. Ils se couchent (dans l’herbe).
Hiram – (caressant le ventre de Balkis) Et ce petit que tu attends…
Balkis – C’est ton enfant, Hiram !
Hiram – Tu veux rire ! ce n’est que depuis lundi que nous nous connaissons.
Balkis – Mon cher, tu ne connais pas la puissance des mythes. Et puis nous, les éthiopiennes…
Tout à coup entrent en scène 3 voyous armés chacun d’un outil, agressent Hiram, s’emparent de lui et l’emmènent sauvagement en coulisse sans s’occuper de Balkis refoulée à coups de pieds, qui sort à son tour en rampant.
Acte II – Scène unique (3mn1/2)
Salomon est dans son palais. Un homme et deux femmes entrent.
Homme – Seigneur ! On dit que notre maître a été enlevé par des coquins.
Femme 1 – Nous craignons pour sa vie.
Un soldat entre
Soldat – Messire, nous pensons avoir retrouvé le corps d’Hiram. Nous sommes sur une piste.
Femme 2 – l’Architecte est donc mort ?
Homme – Mais qui pouvait vouloir assassiner Hiram ?
Soldat – Nous recherchons les assassins.
Salomon – (sans trouble) Qu’ils cherchent !… Qu’ils cherchent et ils trouveront… Combien sont-ils à chercher ?
Soldat – Nous avons mis nos trois meilleurs inspecteurs sur l’affaire.
Salomon – adjoignez-leur autant d’hommes que nécessaire. Je veux qu’on les retrouve… plutôt morts que vifs. Que je n’aie pas à les juger !
Entre précipitamment la mère d’Hiram, éplorée.
Mère – J’apprends la fin terrible de mon fils ! J’apprends aussi qu’il est mort en brave.
Homme – le mythe retiendra son sacrifice !
Femme 1 – les maçons poursuivront la construction du temple !
Femme 2 – Ils honoreront sa mémoire !
Salomon – Sa mémoire ? Tout ce que racontent ses ouvriers sur sa mort, c’est rien que des bêtises !
Femme 1 – Seigneur, nous pleurons notre maître Hiram ; cessez d’insulter sa mémoire !
Homme – Livrez-nous plutôt les coupables !
Femme 2 – Mais que fait Castaner (Darmanin, Retailleau)…?
Entre Balkis effondrée, qui se réfugie dans les bras de la mère d’Hiram.
Salomon – Le temps des dupes est révolu. Hiram enfin ne me fera plus cocu !
C’est moi qui ai tout arrangé. Et tout ce qu’on pourra raconter pour lui sauver la mise, je le redis, c’est des bêtises !
Ton fils Hiram n’est pas mort sur le chantier, mais dans les bras de cette prostituée.
Couplet 8
Le temps des dupes est révolu
Hiram ne m’fera plus cocu
En squelette
Par trois roussins assermentés
C’est moi qui l’ai fait trucider
Dans sa couette
Salomon – Quant au marmot… s’il survit…
Balkis – Pitié Seigneur ! Pitié pour lui !
Salomon – il se prétendra, je sais, enfant de la Veuve d’Hiram.
La bonne blague ! Il est mon fils. J’en suis le père mais ne le reconnaîtrai point. Lui et tous tes descendants, Balkis, ne seront que mes bâtards ! Tu ne toucheras rien de moi. Tu aurais pu partager mon trône et ma couche et faire la fête, tu en seras réduite, pour survivre, désormais, à faire la quête.
Quant à toi, la vieille, de ton fils me voici suffisamment vengé ; en compagnie de cette grue, sur son tertre tu peux aller pleurer.
(Salomon sort)
Couplet 9
Et Salomon reprit son pas
En rajoutant à la mama
Toute blette
Son marmot était bien de moi
La veuve doit se mordre les doigts
D’sa boulette
Couplet final (peut être bissé et repris en chœur)
O vous qui décorez l’Orient
de la Veuve tous les enfants
Les Jocrisse
Comptez plus sur la mère Hiram
Pour vous refaire le coup du drame
De son fils