Post Mortem

Il vient d’arriver à l’Orient éternel.
il assiste, de “là-haut” à sa cérémonie funèbre

–  Eh… quoi ! C’est pas Polo qui règle la cérémonie ? C’est vrai que c’est pas un rigolo Polo ! (joyeux) Faut dire qu’aux Pompes funèbres, il rit pas tous les jours, Polo… mais lui au moins, il a du métier : il en a tellement conduit, des FF. et des SS. à l’Orient éternel !

– Tiens… la Maîtresse des Cérémonies. Elle tourne autour de mon cénotaphe… Ah ! Ces coups de canne… quel boucan !… (il rit) à réveiller un mort… Elle dit… elle dit quoi ? « Il ne s’est pas réveillé ! » Quelle conne ! (il hurle) Non ! Je ne dors pas… je repooose…

– Ah ! Enfin… Mon éloge funèbre…  c’est qui lui qui monte au lutrin ?… Lui ? Non ! Pas lui ! … Qu’est-ce qu’il bafouille ?…  Chuuut ! « Euh… que dire de… congru… sur le frère… Patrice… » Quoi, il m’appelle Patrice ? Il sait déjà plus mon nom ? Patrick !  Je m’appelle Patrick ! Mais dis lui toi, Secrétaire, qu’il se trompe ! Pas Patrice, Patrick !… C’est bon, il lui souffle : « Pas, trice… trick,… pas, trice… trick »… Patrice trique répète cet âne d’Orateur ! Oh la honte ! Patrice trique ! Tous se lèvent. Ils veulent voir… (triste) Moi je vois rien ! Ah ! Si je pouvais mettre la main… J’peux pas bouger… Hein ! Un petit effort !… (Joyeux) Là… je sens quelque chose sous mes doigts… c’est dur… Ahhh…! Quel bonheur… mon maillet de Vénérable !

– Eh ! L’Hospitalier ! Ferme pas la boite ! Non ! Attend encore un peu ! Que je les revois, que je les compte ceux qui sont venus… (Dépité) Ils sont pas nombreux… ni délégation ni bannière… On leur a dit, au Commandeur, aux Grands Maîtres, aux Grandes Maîtresses, aux Dignitaires, aux Vénérables maîtres et Vénérables Maîtresses qu’il s’agissait de moi ? (soupir…) C’est vrai que j’ai été un peu con de les avoir tellement brocardés, tous ces encordonnés. (il rit)

(ému) Et Boaz, mon F\ Boaz ? Pas là non plus ! (déçu) Pourtant, avec mon F\ Boaz, on se quittait jamais…  attendu qu’on était… tous deux d’la rue Cadet. (La lumière décroît) (Quelques notes de « l’ami Bidasse »)

– (les lumières s’éteignent) Non ! Non ! Pas dans le noir… (il crie) qu’on redonne la lumière ! Lumière ! La lumière… Merci Grand Architecte … (hésitant) Mais alors tu existais donc ?

– Qui c’est çui là… Lui ? Ah ! Ce qu’il n’a pas fait pour m’empêcher de monter dans les ateliers supérieurs ! Faut dire que je ne l’ai pas ménagé… Comme il a du souffrir de mes sarcasmes ! Et le voilà, près de ma dépouille, qui se recueille … je l’avais mal jugé… Il caresse de ses doigts le rebord du cercueil. Sa main glisse affectueusement sur la planche qui me recouvre… (Silence) (Soudain furieux) Il essaie de la soulever ! On vient l’aider ! Quoi ? Ils s’assurent que ma planche est bien clouée ! Ah les…les sa-goins ! La S\Germaine les rejoint… qui pose à son tour la main sur la planche. Qu’est-ce qu’elle dit ? Chuuut !…: qu’est-ce qu’elle dit ?… « C’est la première fois qu’une planche de lui me fait rire ! »

(Il sanglote)
– Ils ont bousillé ma cérémonie funèbre ! Ils ont bousillé ma cérémonie funèbre ! (extinction des lumières et de la musique)