Réunion du Conseil de famille, en présence de quelques jurés.
3 personnages : Le juge; La plaignante (la soeur Lucienne, baraquée, revêche, disgracieuse, inélégante, « pas baisable »); l’accusé (le Frère Gaston) + des figurants (Jurés)
Juge – Frères jurés. Le Conseil de famille est ouvert.
Notre dossier du jour : le Frère Gaston accusé d’avoir abusé de la sœur Lucienne dans les parvis.
Lucienne – Ils étaient même trois ! je n’ai pas reconnu les deux autres dans le noir. Des visiteurs sans doute.
Juge – Alors vous vous y étiez mis à trois… (il observe la sœur) tu m’étonnes ! (À Gaston) Fallait bien être plusieurs pour se motiver ! Alors explique-moi un peu la situation. C’était quoi, un gage ? c’est toi qui avais perdu le pari ?
Gaston – C’est bon, j’ai regretté. Oui, j’ai regretté d’avoir profité de l’obscurité pour l’embrasser d’une façon… si peu… rituelle.
Juge – Tu as regretté… c’est bon ça pour les jurés. Donc tu as regretté…
Gaston – Oui… quand la lumière s’est faite dans les parvis !
(Un temps)
Juge – Après cet accroc, comment te sens-tu ? psychologiquement je veux dire. (à Gaston) oui, c’est à toi que je parle mon Frère Gaston… beaucoup de cauchemars, hein ! c’est l’image de la sœur Lucienne qui vient te hanter la nuit ?… C’est normal; ça passera.
Et alors ma sœur Lucienne, tu veux vraiment aller en justice maçonnique ?…
Lucienne – Bien sûr que je maintiens ma plainte !
Juge – pourtant, c’est plus ou moins un service qu’ils t’ont rendu, non ?
Gaston- c’est moi qui devrais porter plainte !
Juge- tu peux, tu peux… (regardant ostensiblement la sœur) parce qu’il y a quand même tromperie sur la marchandise…
Néanmoins mon F. Gaston, tu es condamné.
Lucienne– J’y compte bien !
Juge– Condamné à embrasser une seconde fois la sœur Lucienne… en pleine lumière cette fois-ci.
Gaston- (Horrifié) Non!
Lucienne – Vous vous moquez de moi ! je veux faire appel !
Juge – tu veux faire appel ? attention ma sœur, tu cours à présent le risque d’être poursuivie pour mise en circulation sur le marché après date de péremption !
Gaston – Mon frère Juge, sais-tu qu’après la tenue, c’est elle qui est revenue à la charge ? Oui ! elle a voulu m’embrasser.
Juge –Ce n’est pas bon pour toi ça, ma sœur Lucienne. Harcèlement ! Circonstances aggravantes !
Lucienne – Mais pas du tout ; comme je l’avais repoussé un peu rudement dans le noir, j’ai voulu m’excuser de ma brutalité, et lui faire trois bises, trois vraies bises pour qu’on se retrouve enfin en fraternité !
Juge- D’accord, mais tu te rends compte tout de même, ma sœur, de la violence de ton acte, et ça devant tout le monde ! Bon. Mettons fin à votre bisbille. Serrez-vous la main.
Les deux plaignants se serrent la main. La poigne de la Sœur est telle que le Frère se tord de douleur en hurlant et tombe à genoux devant elle.
Gaston- Pitié ! C’est bon ! je vais te les faire ces trois bises.