Quand la maçonnerie accueille de nouveaux talents

3 personnages: Un reporter (homme ou femme) et un couple de maçons récemment arrivés à Marseille

Présentateur : (présente ainsi le sketch) Nombre de « profanes », malgré leurs grandes qualités, éprouvent parfois de réelles difficultés pour entrer en maçonnerie près de chez eux. Certains sont même contraints de fuir leur région ou leur pays pour d’autres Orients. Celui que nous allons vous présenter, tournant le dos à son passé, a choisi de venir sur le Continent pour y répandre les valeurs qu’il a acquises dans son île de beauté…
Nous sommes heureux de recevoir l’illustre maçon qu’il est devenu. Ma Sœur Grand Reporter, je te laisse le soin de nous le faire découvrir…

Le reporter prend la parole :

Reporter – Nous l’avons rencontré à Marseille où il vit depuis 3 ans à l’abri des Orients mafieux. J’appelle Ange Patoucci !
Doumé entre accompagné d’une femme habillée sexy. Musique « Suzana, Suzana… »
Reporter – Merci mon Frère Doumé de nous avoir rejoint sur le plateau d’Hilarion accompagné de Madame.

Doumé – (la désignant) Ma sœur… Suzana !

Reporter – (va pour donner l’accolade à Suzana. Doumé s’interpose énergiquement. Le Reporter se reprend) Mon frère Doumé, indignement blackboulé par la Grande Loge Affranchie de Saleccia, tu es aujourd’hui le Vénérable respecté d’une petite loge marseillaise…

Doumé – (dit avec fermeté) Tu peux me vouvoyer !

Reporter – Puisque tu insistes… Vous êtes donc venu vous faire initier dans une obédience continentale… Pour quelles raisons vous êtes-vous fait blackbouler sur votre île ?

Doumé – Je sortais de cabane, et les Frères craignaient sans doute que je m’empare du tronc.

Reporter – Dutronc…Jacques… qu’a -t-il à voir là-dedans ?

Doumé – t’es con ou quoi ? le tronc… à côté du bénitier, que je vidais, dans les églises. (Il fait le signe de croix)

Reporter – Vous pilliez les troncs ?

Doumé – Ben… Juste quelques troncs…

Reporter – Mais comment a-t-on pu vous accepter sur le Continent ? Votre casier judiciaire…

Doumé – Qu’est-ce que tu crois ? J’ai pas fais de la fausse monnaie pendant 10 ans pour rien !

Reporter – Ne craignez-vous pas que votre passé vous rattrape ?

Doumé – En tous cas, si j’ai préféré venir prostite… prospérer à Marseille, c’est que l’air y est plus saint.

Reporter – Marseille, plus sain que l’île de Beauté ?

Doumé – Qu’est-ce que tu fais de la Bonne Mère ?! Une sainte qui veille sur les naufragés. Je suis un naufragé. Et pour mon salut, je rentre au port !…

Suzana – (Elle rit bruyamment) Port-salut… (au Reporter) tu as compris ? Il a de l’esprit mon Doumé, hein ?

Doumé – ça va ! Tu ne vas pas en faire un fromage ?

Reporter – Mon frère Doumé, revenons à la maçonnerie. Ça fait 3 ans que vous avez allumé les feux de votre loge qui porte le nom emblématique de : JC – JB… JC : le Christ je suppose ?… Et JB…

Doumé – Non ! J.C. : J’en Caisse, J.B. : Je Blanchis !

Reporter – Quelques frères corses vous ont suivi dans votre quête de spiritualité…

Suzana – Lui, faire la quête ?

Doumé – C’est ça, fais de l’esprit. (Au reporter) Quelques sœurs aussi m’ont suivi ! Tiens ! tu vois, Suzana, c’est ma sœur… mais c’est aussi ma… ma compagne si tu veux. Eh bien on a choisi tous les deux le Grand Orient.

Reporter – C’est vrai que le Grand Orient est une obédience accueillante, une maison… tolérante.

Doumé – Oui, depuis que les filles y sont entrées, le GO est en effet une grande maison de tolérance… Et puis au GO, tu montes rapidement… n’est-ce pas Suzana ?

Suzana – Si… tu montes bien… et rapidement ! (Un temps)

Doumé – Alors dis merci au GO !

Suzana– Merci au GO et à ses loges mixtes.

Doumé – (à part, à elle) pas toutes !

Suzana– pas toutes, mais il y en a des mixtes.

Doumé – Pas toutes je te dis ! (Il se tourne vers le Reporter) Dans la mienne, y’a pas de filles ! On ne mélange pas le travail, le travail sur soi et… et les affaires…

Suzana– (malicieuse) tu veux dire qu’on ne mélange pas ésotérisme et érotisme ?… C’est vrai que sur les colonnes on nous surveille aussi, mais c’est quand même pas le trottoir !

Doumé – (énervé par sa remarque, cherchant à s’en débarrasser) Écoute, tu dois pas aller repasser mon smoking pour ce soir ? (Il tente de la pousser vers la sortie).

Suzana– (elle se rebiffe) et cirer tes pompes, aussi ?

Reporter – (intervient pour faire cesser leur dispute) Bon ! Bon ! Une question qui me… contrarie.  La mafia cor… euh… la Justice corse…

Doumé – J’ai payé ma dette. Maintenant je suis un maçon franc… Franc-mac, comme vous dîtes. (Il rit) Un maçon libre… libre… et de bonnes mœurs… hein Suzana ?

Suzana– (narquoise) libre oui…

Doumé – Ah ! je sais à quoi tu fais allusion. Figurez-vous que des jaloux m’ont accusé de manipuler les boules des enfants…

Reporter – les boules des enfants ?

Doumé – des enfants de la Veuve ! T’es vraiment con ! On m’accuse de manipuler les boules des scrutins, quoi !…

Reporter – Les boules blanches, les boules noires … ?

Doumé – Mais je préfère traiter les blanches… (il regarde Suzana comme une marchandise- allusion à la traite des blanches)

Reporter – On m’a dit, Doumé, que vous aviez le sens de l’humour. Ça nous plait ça, l’humour, à Hilarion, (et voyant sourire Suzana) et ça plait aussi à Suzana !

Suzana – (a retrouvé le sourire) Doumé est un vrai comique ! allez chéri, dis-nous une blague !

Doumé – (se fait prier) Eh… non…

Suzana – si chéri ! rien qu’une !

Doumé – Mais non Suzana, Je ne sais pas faire des blagues comme ça… c’est ridicule !

Suzana – Mais si, fais ! Tu es si drôle !

Doumé – OK ! Mais c’est juste pour Hilarion… (un temps) J’aime bien celle-ci : c’est deux grenades qui se cachent sous un maillet (il fait les gestes pour montrer et rit tout seul) … Et celle-là : midi, minuit… minuit, tu montes ? t’as vu l’heure ? Non, c’est trottoir !… (Ni Suzana ni le reporter ne rient) Tu vois, c’est pas drôle, ça fait pas rigoler !

Reporter – Mais si, Doumé, on a bien ri. Mais je crois qu’il est temps de se quitter car je crois que vous visitez ce soir une des loges de vos filles… euh ! de vos sœurs, et Suzana doit repasser votre smoking…

Suzana – et lui cirer les pompes !

Doumé – Désolé de vous quitter, mais il faut que j’aille relever les compteurs ! Dopu !