La cordonnite

1

Le vieux Véné s’embête

Au fond de l’atelier.

Il n’est plus à la fête

D’puis qu’on la remercié.

Quand la tenue s’achève

Il s’en va visiteur

Chercher un peu de rêve

Dans une loge d’essaimeurs.

L’ancien qui la préside

Lui a dit : “Mon p’tit gars,

Là c’est moi qui décide,

Mon maillet tu l’auras !»

Refrain

L’ouverture n’l’écoute plus

Le signe ne l’fait plus

La batterie le laisse imperturbable.

Et ses yeux malheureux

Suivent le jeu nerveux

Du maillet précieux

Du Vénérable.

Ça lui rentre par la peau

Par le bas, par le haut

Il voudrait remonter, il s’agrippe,

Tout son être est tendu,

Son souffle est suspendu

Il est vraiment fondu

D’cordonnite.

2

Le vieux Véné est triste

Car l’ancien d’cett’ loge là,

Qui est d’venu bouddhiste,

A suivi un Lama.

Adieu tous les beaux rêves !

L’maillet n’reviendra plus.

Tant pis si il en crève,

Sa vie elle est foutue.

Quand y r’vient pitoyable

Dans sa loge d’apprenti,

Il revoit l’Vénérable

Qu’il a été jadis.

Refrain

L’ouverture n’l’écoute plus…

Le signe ne l’fait plus…

Il a fermé les yeux

Sur le maillet précieux.

Ça lui rentre par la peau

Par le bas, par le haut

Y n’peut plus remonter, il s’agrippe,

Alors pour oublier, il s’est mis à tourner… à tourner

Et il s’est étranglé

A la cordonnite.